Les annonces sur l’avenir du Plateau de Saclay et du Campus d’Orsay tombent en rafale :
- Nicolas Sarkozy donne le 12 septembre le coup d’envoi de l’aménagement du Plateau
- Christian Blanc, secrétaire d’état chargé de l’aménagement de la région capitale précise ensuite « il y a 99 chances sur 100, aujourd’hui, pour que (l’université) Paris XI vienne s’installer sur le Plateau »
Des réserves viennent immédiatement tempérer l’enthousiasme que ce plan pharaonique est censé susciter:
- Déménagement / Recomposition de l’Université Paris-Sud ? Après un travail long et approfondi mobilisant toutes les composantes de l’Université, des propositions de rénovation et mises aux normes dans le cadre du plan Campus (voir rapport P. Lagayette) ont été finalement adoptées par les instances universitaires. A peine avaient elles fi ni de siéger que Christian Blanc annonce le déménagement de l’Université …
- Implantation d’un Pôle Scientifique et Technologique de dimension mondiale (‘cluster’) sur le Plateau Serait-ce des moyens pour travailler correctement et dans des conditions décentes ? De quoi s’agit-il ? Avec qui ? Pour quoi faire exactement ? Qui pilote ? Pour qui ?… Toutes questions auxquelles il est impossible de répondre dans la mesure où aucune instance n’a été, ne serait ce même qu’informée, ne parlons pas de consultée ou associée …
Des travaux d’infrastructures mentionnés pour les transports, le logement, le désenclavement, …
Ces projets d’infrastructures donnent le sentiment d’être comme l’intendance, condamnées à suivre, de loin et après coup.
MAIS OÙ SONT LES FINANCEMENTS ET QUI VA PAYER ?
En fait, le gouvernement ne vient pas brusquement de sortir tout cela du chapeau. La désormais fameuse O.I.N. (opération d’intérêt national) a commencé à se mettre en place dès fin 2005 par une lettre de mission de Dominique de Villepin. Son projet : mettre en place un environnement porteur autour du Pôle de Compétitivité Mondial SYSTEM@TIC et favoriser, à partir de ce pôle, la convergence « NBIC » entre les Nanotechnologies, la Biologie, l’Informatique et les Communications. (Rapport du Préfet de Région). On annonçait alors jusqu’à 100 000 logements, autant d’emplois, 300 000 nouveaux habitants, des autoroutes et des routes, des transports en commun, des raccordements au TGV et aux aéroports, …
Ensuite, s’est greffé sur l’opération l’autre Pôle de Compétitivité Mondial MEDICEN-Santé puis des annonces d’implantation du Centre Recherche EDF, de l’ENS Cachan, de l’Agro-Paris, …
Outre les Pôles de Compétitivité, le gouvernement mettait déjà en place les composantes d’une machine de guerre destinée à prendre la main sur les orientations et le fonctionnement de la Recherche et de l’Université.
- Au niveau national, création de l’A.N.R. contrôlée de près par Bercy, et de l’A.E.R.E.S. qui tient ses attributions du prince.
- Démantèlement des organismes centraux comme CNRS, INSERM, réorientés en ‘’agences de moyens’’ privées des capacités de définir des politiques propres articulant cohérence nationale et développement coordonné des territoires.
- Au niveau local, mise en place des Réseaux Thématiques de Recherche Avancée (RTRA) placés sous la tutelle de fondations de droit privé, qui par delà des aspects de coopération et de mutualisation, se révèlent être, comme l’A.N.R., des outils de focalisation des financements contribuant ainsi à dessaisir les organismes nationaux.
- Le faux nez d’une soit - disant autonomie des Universités qui ouvre très largement la voie à l’arbitraire et pousse à la concurrence dans la chasse aux financements.
On vient de voir d’ailleurs ce que vaut cette fameuse autonomie avec le mépris abyssal manifesté envers une Université qui n’est informée de son déménagement que par voie de presse ! Accompagnant tout cela : Un déficit démocratique, aucune consultation : chercheurs, enseignants et étudiants, laboratoires et unités, formation et enseignement, traités en simple marchandise qu’on utilise et déplace au gré des fluctuations de la conjoncture. Qui doit en bénéficier ? Comme le disait sans fard le Préfet de Région : les Pôles de Compétitivité dont les participants Thalès, EADS, Dassault, Renault, PSA, Aventis, … sont ceux qui ont liquidé leurs secteurs de recherche et comptent sur les structures et les financements publics pour se refaire une santé à bon compte face à leurs concurrents. La crise actuelle montre que nous ne pouvons pas leur faire confiance : en place de développer l’activité et l’emploi ils ont joué au casino boursier avec les conséquences déjà avérées et celles gravissimes qui ne manqueront malheureusement pas d’advenir.
Quelques remarques :
- rien ne serait pire que de céder au « tout est bouclé on ne peut plus rien faire ». Les personnels et les étudiants sont le cœur vivant du dispositif. Sans eux tous ces beaux projets ne conduiront qu’à un ‘cluster’ fantôme. C’est à partir de là qu’il nous appartient de réclamer d’être informés, de revendiquer d’être consultés, d’imposer d’être associés ! Face à un calendrier délirant (passage en Conseil des Ministres en janvier, au Parlement au printemps) il faut imposer le temps de la concertation. et puis rappelons que l’objectif premier est une recherche d’excellence et un enseignement de qualité, ouvert au plus grand nombre et en prise avec les défi s de notre siècle. Avant tout ce sont les moyens qui manquent. Au lieu de jongler avec des euros virtuels par milliards, qu’on alloue d’abord des moyens pour faire fonctionner ce qui existe, comme le Synchrotron SOLEIL par exemple (au même titre que le RER-B par exemple). Il convient de réagir pour ne pas voir sacrifié l’avenir de toute une génération.
- S’ils veulent bâtir une « économie de la connaissance », encore convient-il d’abord de produire cette connaissance ! Alors Recherche et Enseignement Supérieur doivent être les pivots d’une politique publique toute entière tendue vers le développement et l’emploi. Nous n’accordons aucune confiance à ceux, financiers, dirigeants des grands groupes, dirigeants politiques qui ont déjà étranglé l’Université et la Recherche. Ceux-là même qui conduisent le monde à la catastrophe dont nous subissons les conséquences actuellement : nous et pas eux !
ALORS, RIEN N’EST JOUE À CONDITION POUR PORTER D’AUTRES VALEURS !
QUI DECIDE ET QUI PAIE ?
Selon Christian Blanc, le coût global de ce projet se situe entre 2,5 et 3 milliards d’euros. Mais pas une seule ligne ne répond à la question du financement. Or qui dit nouveaux habitants dit logements, écoles, voiries, crèches, etc. Qui va payer l’addition ?
. Les collectivités locales ? C’est encore un effort financier supplémentaire qui leur serait demandé alors que déjà l’Etat se désengage financièrement de toutes ses obligations en matière de services publics.
. Le privé ? La panacée annoncée des Partenariat Public Privé (PPP) est un vaste chantier de réorganisation du financement public en France : le privé assure la construction du bâtiment et sa maintenance, le public paye un loyer pendant 20 à 30 ans … loyer rentable puisque calculé par ce même privé. A l’arrivée en fi n de contrat, le public devient propriétaire d’un bien vétuste.
512 K OU HAUT DEBIT POUR TOUS ?
La réalisation d’un réseau internet performant à très haut débit est prévue pour servir les futurs grands centres de recherche et les entreprises de pointe du plateau. Rien n’est proposé en revanche pour les habitants et les entreprises des vallées.
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lundi 26 janvier 2009
Aménagement du plateau de Saclay
Les citoyens et les acteurs du territoire ont leur mot à dire
Sans concertation ni débat public, le secrétaire d’Etat à la « Région Capitale », Christian Blanc, a présenté au chef de l’Etat le 6 novembre son projet d’aménagement du plateau de Saclay. Le but affiché : créer en 20 ans un pôle technologique et scientifique de rang mondial. Ce projet s’étend sur les départements de l’Essonne et des Yvelines. Il concerne 27 communes dont Palaiseau, Saclay, Satory, le parc d’activité de Courtaboeuf et un secteur de Massy.
UN IMPACT IMPORTANT SUR NOTRE TERRITOIRE
Le projet vise à concentrer des ressources scientifiques et industrielles sur un même territoire. Il s’accompagne d’un régime d’Opération d’Intérêt National (O.I.N.) qui confère à l’Etat des pouvoirs spéciaux : il contrôle les autorisations de construire et ses choix d’aménagement s’imposent au droit des sols des collectivités locales. L’OIN prévoit par exemple de ne préserver que 1 800 ha de terres agricoles et d’espaces naturels. Les 2 300 hectares « d’activités agricoles utiles» inscrits au projet de SDRIF (schéma directeur régional d’Ile de France voté le 26 septembre 2008) voulus par les associations locales et votés par les élu-e-s de la CAPS (communauté d’agglomération du plateau de Saclay) sont bradés. Et malgré cette consommation d’espace, l’Etat ne parle que de « développer une offre compétitive en matière de logements pour les emplois liés au cluster » : 25000 chercheurs, ingénieurs et étudiants (sur un total de 35000 nouveaux habitants). Pour créer un « ghetto » scientifique ? Rien de concret afin de répondre au besoin de logements pour tous. Côté transport, au milieu des annonces, le projet d’un métro souterrain automatique depuis l’aéroport d’Orly à Versailles via le plateau de Saclay, a de quoi inquiéter : une dépense de 80 millions d’euros par kilomètre avec un itinéraire passant sous les étangs de Saclay…
L’EMPLOI ET LA RECHERCHE AU SERVICE DE LA SEULE ECONOMIE DE MARCHE
Le mot magique du projet est « cluster » : mettre en réseau sur un seul site des entreprises, des centres de formation et des laboratoires de recherche publics et privés afi n de développer des projets au fort potentiel d’innovation. Le projet de C. Blanc nous promet déjà « croissance, emploi, compétitivité, développement durable, santé, qualité de vie, lutte contre la pauvreté » …la réalité est toute autre.
QUI DECIDE ET QUI PAIE ?
Selon Christian Blanc, le coût global de ce projet se situe entre 2,5 et 3 milliards d’euros. Mais pas une seule ligne ne répond à la question du financement. Or qui dit nouveaux habitants dit logements, écoles, voiries, crèches, etc. Qui va payer l’addition ?
Les collectivités locales ? C’est encore un effort financier supplémentaire qui leur serait demandé alors que déjà l’Etat se désengage financièrement de toutes ses obligations en matière de services publics.
Le privé ? La panacée annoncée des Partenariat Public Privé (PPP) est un vaste chantier de réorganisation du financement public en France : le privé assure la construction du bâtiment et sa maintenance, le public paye un loyer pendant 20 à 30 ans … loyer rentable puisque calculé par ce même privé. A l’arrivée en fi n de contrat, le public devient propriétaire d’un bien vétuste.
La logique n’est pas du tout celle de la coopération pour le progrès de l’emploi, des qualifications et des salaires. C’est celle de la mise en concurrence des territoires entre eux : les mobiliser pour servir les exigences de compétitivité des grands groupes économiques et leurs objectifs de rentabilité financière. Le projet parle d’un apport de 40.000 emplois d’ici 2020, sans garantie aucune.
Il ne décrit pas les transferts d’entreprises et de centres de recherche sur le plateau : rien ne garantit que l’emploi dans la recherche industrielle soit renforcé. De trop nombreux exemples montrent que les grands groupes privés se servent de ces transferts pour réduire l’emploi Recherche et Développement (Thalès, Danone). De plus, la recherche publique est mise au service de ces mêmes groupes. Le plan de C. Blanc parle d’excellence des sciences pour préciser aussitôt qu’elle devra être « utilisée pour nourrir des thématiques plus orientées vers le marché ». Cette stratégie de concentration d’établissements, au détriment d’autres territoires, aggravera encore les déséquilibres existants au niveau de la région Ile de France.
Une gouvernance démocratique pour élaborer et décider
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Sans concertation ni débat public, le secrétaire d’Etat à la « Région Capitale », Christian Blanc, a présenté au chef de l’Etat le 6 novembre son projet d’aménagement du plateau de Saclay. Le but affiché : créer en 20 ans un pôle technologique et scientifique de rang mondial. Ce projet s’étend sur les départements de l’Essonne et des Yvelines. Il concerne 27 communes dont Palaiseau, Saclay, Satory, le parc d’activité de Courtaboeuf et un secteur de Massy.
UN IMPACT IMPORTANT SUR NOTRE TERRITOIRE
Le projet vise à concentrer des ressources scientifiques et industrielles sur un même territoire. Il s’accompagne d’un régime d’Opération d’Intérêt National (O.I.N.) qui confère à l’Etat des pouvoirs spéciaux : il contrôle les autorisations de construire et ses choix d’aménagement s’imposent au droit des sols des collectivités locales. L’OIN prévoit par exemple de ne préserver que 1 800 ha de terres agricoles et d’espaces naturels. Les 2 300 hectares « d’activités agricoles utiles» inscrits au projet de SDRIF (schéma directeur régional d’Ile de France voté le 26 septembre 2008) voulus par les associations locales et votés par les élu-e-s de la CAPS (communauté d’agglomération du plateau de Saclay) sont bradés. Et malgré cette consommation d’espace, l’Etat ne parle que de « développer une offre compétitive en matière de logements pour les emplois liés au cluster » : 25000 chercheurs, ingénieurs et étudiants (sur un total de 35000 nouveaux habitants). Pour créer un « ghetto » scientifique ? Rien de concret afin de répondre au besoin de logements pour tous. Côté transport, au milieu des annonces, le projet d’un métro souterrain automatique depuis l’aéroport d’Orly à Versailles via le plateau de Saclay, a de quoi inquiéter : une dépense de 80 millions d’euros par kilomètre avec un itinéraire passant sous les étangs de Saclay…
L’EMPLOI ET LA RECHERCHE AU SERVICE DE LA SEULE ECONOMIE DE MARCHE
Le mot magique du projet est « cluster » : mettre en réseau sur un seul site des entreprises, des centres de formation et des laboratoires de recherche publics et privés afi n de développer des projets au fort potentiel d’innovation. Le projet de C. Blanc nous promet déjà « croissance, emploi, compétitivité, développement durable, santé, qualité de vie, lutte contre la pauvreté » …la réalité est toute autre.
QUI DECIDE ET QUI PAIE ?
Selon Christian Blanc, le coût global de ce projet se situe entre 2,5 et 3 milliards d’euros. Mais pas une seule ligne ne répond à la question du financement. Or qui dit nouveaux habitants dit logements, écoles, voiries, crèches, etc. Qui va payer l’addition ?
Les collectivités locales ? C’est encore un effort financier supplémentaire qui leur serait demandé alors que déjà l’Etat se désengage financièrement de toutes ses obligations en matière de services publics.
Le privé ? La panacée annoncée des Partenariat Public Privé (PPP) est un vaste chantier de réorganisation du financement public en France : le privé assure la construction du bâtiment et sa maintenance, le public paye un loyer pendant 20 à 30 ans … loyer rentable puisque calculé par ce même privé. A l’arrivée en fi n de contrat, le public devient propriétaire d’un bien vétuste.
La logique n’est pas du tout celle de la coopération pour le progrès de l’emploi, des qualifications et des salaires. C’est celle de la mise en concurrence des territoires entre eux : les mobiliser pour servir les exigences de compétitivité des grands groupes économiques et leurs objectifs de rentabilité financière. Le projet parle d’un apport de 40.000 emplois d’ici 2020, sans garantie aucune.
Il ne décrit pas les transferts d’entreprises et de centres de recherche sur le plateau : rien ne garantit que l’emploi dans la recherche industrielle soit renforcé. De trop nombreux exemples montrent que les grands groupes privés se servent de ces transferts pour réduire l’emploi Recherche et Développement (Thalès, Danone). De plus, la recherche publique est mise au service de ces mêmes groupes. Le plan de C. Blanc parle d’excellence des sciences pour préciser aussitôt qu’elle devra être « utilisée pour nourrir des thématiques plus orientées vers le marché ». Cette stratégie de concentration d’établissements, au détriment d’autres territoires, aggravera encore les déséquilibres existants au niveau de la région Ile de France.
Une gouvernance démocratique pour élaborer et décider
- Un débat public sur l’articulation entre le projet du Plateau et les réformes en cours de l’enseignement supérieur et de la recherche
- Une concertation organisée avec les instances des établissements d’enseignement supérieur et des grands organismes publics de recherche et un diagnostic sur les bâtiments de la fac d’Orsay
- La structure de pilotage de l’OIN ouverte aux acteurs sociaux de terrain : représentants des comités d’entreprise, syndicats de salariés, mouvement associatif
- Une concertation sérieuse avec tous les élus des collectivités territoriales concernées
- Du renouvellement urbain dans les vallées avant toute diminution du poumon que représente le plateau de Saclay
- L’engagement financier de l’Etat d’aider les collectivités à atteindre l’objectif de 30% de logements sociaux
- Un réseau public de transport rénové tirant parti des innovations technologiques avec:
- L’amélioration significative des lignes B et C du RER
- La réorganisation du réseau de bus
- Le développement de liaisons douces de qualité
- La promotion de l’emploi durable
- Le développement de l’emploi scientifique et technique pérenne au niveau des organismes publics qui sont les moteurs pour la recherche et l’enseignement supérieur en France tels le CNRS, le CEA, l’INRA et l’université Paris XI
- Une commission de contrôle des fonds publics versés aux entreprises, qui mesure leur efficacité pour l’emploi et la formation
- Une fiscalité incitative pour la recherche privée créatrice d’emploi.
- Aider les PME avec la création d’un Fonds régional pour l’emploi et la formation (FREF) pour prendre en charge une partie des intérêts versés aux banques sur des crédits à long terme pour les investissements productifs.
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Libellés :
Enseignement-recherche
jeudi 20 novembre 2008
Les vrais enjeux du projet gouvernemental d’Opération d’Intérêt National (OIN) du Plateau de Saclay (contribution Roger F.)
Le Conseil des Ministres du 12 novembre a donné lieu à un communiqué concernant le projet d’aménagement du Plateau de Saclay. Le projet présenté par Christian Blanc, secrétaire d’état chargé du développement de la région capitale, prévoit la mise en place d’un établissement public dont la gouvernance sera partagée entre l’Etat, les collectivités territoriales, la communauté scientifique et les entreprises, avec un exécutif désigné par l’Etat. Cet établissement est d’un type nouveau et met directement en cause les EPST comme le CNRS et les EPIC comme le CEA, nous y reviendrons. L’objectif est affirmé d’emblée dans un sous-titre: « Potentiel scientifique et technologique du Plateau de Saclay. Une excellence à mettre au service de la croissance économique ». S’il apparaît à première vue légitime que le potentiel du plateau de Saclay favorise aussi la croissance économique, il est symptomatique que cette « mise au service » soit exclusivement économique, et que les notions de progrès culturel et social –pourtant inscrits dans les missions du CNRS et de l’Université—soient évacuées des missions assignées à l’O.I.N. Il est de surcroît clair que le « progrès économique » visé est celui du profit industriel privé, tant il est vrai qu’aucune mission de service public n’est mentionnée dans le projet.
Le projet initial d’OIN du Plateau de Saclay a ainsi été revu, contracté (par exemple en matière de constructions de nouveaux logements) et resserré autour de son objectif central : réaliser « un pôle scientifique et technologique » à «vocation mondiale». Ce pôle s’appuie sur une zone qui regroupe déjà la plus puissante concentration de personnels et de moyens de la recherche publique française, avec l’énorme atout d’un territoire qui comporte encore une grande réserve foncière sous forme de terres agricoles. Les commentaires autour du projet d’OIN se sont souvent centrés sur les questions d’aménagement du territoire (préservation des terres agricoles etc…). Cet aspect est certes important, mais il n’est que l’un des éléments à considérer. Le fond de l’affaire (dont tout découle, y compris les modalités d’implantation envisagées) est de réaliser le prototype et l’archétype français d’une conception ultralibérale de la science et de l’enseignement supérieur et de leurs relations avec le secteur privé. Avec ce cocktail très particulier au Sarkozysme qui marie la stratégie du capitalisme des catastrophes (décrite par Naomi Klein dans son livre « La stratégie du choc ») – désarçonner toute opposition par l’accumulation d’un déluge de mesures rapides et brutales avec un calendrier ultra-serré – au bonapartisme, le puissant appareil de l’Etat étant requis pour imposer un projet sans passer par l’étape indispensable d’une large concertation avec la population. Actuellement, Christian Blanc fait la tournée des popotes auprès des responsables, des associations et des élus. Il s’agit de convaincre, de persuader que ceux qui ne monteront pas dans le train auront tout à perdre, de faire quelques concessions sur les hectares de terres agricoles, de mettre en avant telle ou telle retombée. Il s’agit en fait de lisser les objections et surtout, surtout d’empêcher les convergences contre le projet, pour l’imposer à marche forcée puisque que le Conseil des ministres devrait en faire l’examen en Janvier 2009 suivi d’un passage à l’Assemblée nationale au printemps. De plus, il ne faut pas sous-estimer que le projet de Christian Blanc comporte des aspects séducteurs… si l’on oublie le contexte. Il est vrai que peu a été fait par les gouvernements précédents pour faire en sorte qu’un potentiel, certes riche, puisse se déployer plus complètement. Cela va du dualisme Universités-Grandes Ecoles au sous-financement chronique de la rénovation et de l’entretien du campus de l’Université Paris-Sud, en passant par la multiplicité des tutelles et des régimes des établissements du Plateau et l’invraisemblable empilement des niveaux de décision et la multiplicité des sources de financement qui dévore le temps des responsables d’établissements, de labos et d’équipes. Ces vices ont été portés à leur paroxysme depuis ces dernières années par le tartinage de nouvelles couches de structures et la généralisation des financements contractuels qui mobilise et fragmente la quête de l’argent jusqu’au niveau individuel. Mais le ras-le-bol et la lassitude ne sauraient justifier de laisser mettre en place une tabula rasa ultralibérale.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le projet de Christian Blanc est un grand exercice de travaux pratiques avec des linéaments idéologiques assez aisés à identifier. Principale clé de lecture : la science est de plus en plus un facteur-clé de la production, une source nouvelle et pérenne de profits, en fait la source directe ou indirecte d’une grande partie des plus-values à venir. Mais cette recherche est coûteuse, et la France est dans le peloton de queue pour l’effort en recherche industrielle. Alors, il s’agit de réorienter l’activité du dispositif public de recherche fondamentale vers les secteurs susceptibles de donner rapidement manière à profit et de faire en sorte de connecter plus directement la meilleure recherche avec les grands groupes. L’appareillage nécessaire a été mis en place depuis 2005, et la région de l’OIN du Plateau de Saclay est sans doute la mieux dotée de France à cet égard. National + régional + local : rien ne manque au tableau.
Il y a les pôles de compétitivité. Des structures industrie-recherche pilotées par des ‘industriels’ : dans le Triangle sud de l’OIN, deux pôles mondiaux SYSTEM@TIC Paris Région (systèmes complexes ; Thalès, Dassault, EADS, …) et MEDICEN (santé ; Génopôle, Aventis, …), chacun ramifié en plusieurs branches, qui ont un ancrage lourd dans le territoire concerné. Et puis, près de Satory (et aussi en Haute et Basse Normandie), un pôle à vocation mondiale, MOVEO, autour des équipements automobiles et des transports collectifs. La proximité géographique de l’Université et des Grandes Ecoles pourrait être un atout important pour enclencher la réforme majeure qui consisterait à intégrer graduellement les écoles d’ingénieurs à l’Université pour donner à ces derniers une culture de recherche. Mais de cela, le projet d’OIN n’a cure : ce qui importe c’est d’offrir sur place aux laboratoires industriels privés le meilleur accès à la fois à la recherche publique et à la main d’œuvre qualifiée, voire d’élite, drainée dans les Ecoles.
Il y a les structures autocratiques qui graduellement confisquent les sources de l’argent et le pouvoir, en contournant le CNRS jugé trop démocratique: l’ANR, qui agit au niveau le plus profond, celui du pilotage thématique par la distribution de financements personnalisés, hors infrastructures communes, hors contrôle de structures élues, qui permet aussi de payer une masse de personnels précaires ; des établissements publics à gouvernance partagée entre privé et public ; des fondations ; des réseaux thématiques de recherche avancée, ou RTRA (DIGITEO, Triangle de la Physique) qui associent des chercheurs des organismes et des universitaires et distribuent du financement, mais sont hors de ces organismes. Puisque le système est basé sur la compétition darwinienne (baptisée « qualité », refrain familier), le système d’évaluation est un élément fondamental. C’est le rôle de l’AERES, avec des experts tous nommés. Les organismes nationaux de recherche (CEA, CNRS …) produisaient seuls ou en association l’essentiel de ce qui constitue la qualité et la productivité de la science française. Mais ces héritiers de l’après-guerre où les communistes ont joué un rôle crucial (après tout, c’est Joliot-Curie qui a impulsé le cap vers le sud de Paris) doivent être remis en cause dans leurs rôles les plus essentiels: recherche fondamentale pluridisciplinaire associant sciences dures et sciences de l’homme (CNRS), recherche appliquée appuyée sur une véritable recherche fondamentale au service de grands objectifs nationaux (CEA) ; maintien et coordination d’un front continu de la connaissance, veille scientifique ; évaluation, prospection, programmation. Ces organismes sont asphyxiés financièrement et leurs prérogatives sont méthodiquement détournées ou purement et simplement abandonnées. Même le projet de découpage en Instituts du CNRS est maintenant dépassé par des projets plus extrêmes. Lisez donc le rapport de l’AERES sur la réorganisation de la recherche en sciences de la vie et de la santé ( http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=1367), rendu public le 13 novembre. Il propose explicitement la création d’un "Institut National des Sciences de la Vie et de la Santé", rassemblant l’ensemble des financements actuellement répartis entre les organismes et les agences (notamment l’ANR) et complètement séparé des structures exécutant la recherche. Du coup, exit le département (pardon, l’Institut) Sciences de la Vie du CNRS. Du côté des universités, on met en place depuis 2007 l’ « autonomie », au nom de laquelle les Universités, étranglées de longue date par des subventions indigentes et laissées à l’abandon par les politiques successives, sont sommées de se trouver elles-mêmes leur financement. Les (grandes) Grandes Ecoles sont intouchées, voire renforcées, avec ainsi la pérennisation d’un système dual de formation propre à la France et dont les graves inconvénients sont pourtant bien connus. L’emploi scientifique est mis en cause, avec la croissance explosive de l’emploi précaire. Le rapport de l’AERES cité quelques lignes plus haut « exprime son inquiétude devant la précocité des titularisations des chercheurs français » (sic). C’est l’antienne de l’insécurité comme clé de la créativité, la stabilité de l’emploi étant conditionnée à l’évolution du facteur H personnel et à la production dans les délais des « milestones » et autres « deliverables » affichés dans les projets de contrats. Enfin, finie la recherche fondamentale comme facteur de connaissance du monde et comme élément fort de la culture : la science, la production intellectuelle et « l’immatériel » sont des marchandises.
Autre aspect majeur du projet de C. Blanc, le dogme de la proximité, du cluster (grappe, en français). Pour faire percoler science, industrie et formation, il faut entasser dans un périmètre restreint labos, université, grandes écoles et entreprises. Le projet comporte ainsi le déplacement ou la déportation d’établissements existants hors de leur tissu d’origine. Favoriser le neuf au lieu de la rénovation. Toujours la tabula rasa, avec au passage un processus de destruction-recomposition piloté par la création de « campus thématiques ». Concernant la proximité, on peut faire quelques remarques. Les exemples mythiques, Silicon Valley entre autres, s’étendent sur des dizaines voire des centaines de kms. Se focaliser sur la proximité, c’est oublier la complexité des réseaux d’échange et de coopération qui traversent le tissu scientifique et structurent ses relations avec le secteur des applications. En fait, avec Internet, tout ce qui est à plus de 30 mètres d’une cafétéria commune est quasiment à l’infini. Le cluster va scintiller dans la nuit ? On va être dans le top-ten du classement de l’université de Shanghai ?? Et alors ? Pour quel bénéfice réel et non le Bling, Bling ? Qui a imposé ce classement arbitraire si peu adapté à la France et à son système distribué d’enseignement supérieur (…dont la qualité transparaît malgré tout, comme l’Allemagne, au travers non pas des 20 premières, mais des 500 premières universités : alors, si on rapporte les résultats à sa population, la France est tout de même 5ème, devant le Japon !).
La plus grosse opération de destruction/recomposition pourrait concerner le centre universitaire d’Orsay (ce projet ne figurait pas dans le rapport Lagayette, lequel a depuis démissionné) (cf http://www.idf.pref.gouv.fr/dossiers/oin.htm). Le 13 octobre : réunion à Orsay en formation plénière des trois conseils de l’Université Paris XI avec comme ordre du jour l’adoption des propositions à remettre au ministère traçant l’avenir de l’Université pour les quatre années à venir. 17 octobre : parution dans le ‘Parisien’ d’un article mentionnant les propos de Christian Blanc, déclarant que le déménagement de l’Université sur le plateau de Saclay est plus qu’une hypothèse alors que cette question, décisive pour l’Université, n’a jamais été soumise à la discussion des instances universitaires. En fait, le campus est un ensemble qui s’est construit sur un demi-siècle, et qui est un fleuron de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Il a su essaimer depuis longtemps sur divers lieux du Plateau de Saclay. Une chose est le déménagement planifié de longue date de certaines unités de recherche avec l’accord des personnels, autre chose, et avec une autre signification, serait le déménagement complet ou par morceaux choisis du centre universitaire. La tradition d’Orsay est celle du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche : la qualité et l’accessibilité de l’enseignement et l’excellence de la recherche. Tout projet doit être d’abord mesuré à cette aune et en concertation avec tous les intéressés : enseignants, chercheurs et étudiants. Ils sont pourtant ouverts, et l’ont signifié, aux projets d’avenir qui correspondraient à un développement concerté du campus et de la région. Ce n’est malheureusement pas le cas de ce qui se trame en dehors d’eux et avec une pression et une précipitation absolument inadmissibles. Les choses vont si vite que les informations contenues dans le présent document pourraient bien être périmées au moment de leur diffusion !
Le projet de Christian Blanc est donc clair. Devant des problèmes d’une très grande importance, il propose - ou plutôt tente d’imposer - une certaine vision. Le financement prouvé n’est qu’une très petite fraction de ce qui serait requis, sauf à supputer une irrigation massive par le privé et les collectivités. Les budgets nécessaires à la réalisation de l’OIN seront-ils prélevés sur un budget de recherche et d’enseignement supérieur en stagnation ? Les moyens d’une recherche fondamentale libérée de toute obligation d’application seront-ils garantis ? La coopération entre laboratoires publics et recherche industrielle sera-t-elle fondée sur l’avantage mutuel, ou sur la subordination ?
Bref, c’est un défi qui est posé aux scientifiques, aux étudiants, à la population, aux élus. Nous pensons que l’OIN du Plateau de Saclay doit être saisie dans toutes ses dimensions, dont les surfaces agricoles ne sont, répétons le, qu’un aspect. Nous attirons l’attention sur le danger d’un consensus politique mou qui consisterait à accepter le projet actuel avec quelques concessions secondaires. Ce qui se passe à l’heure actuelle nous donne en fait à cet égard de très vives inquiétudes. Les communistes du campus d’Orsay demandent un ajournement du projet, la mise en place du temps et des modalités d’un débat public, et nous nous associons à tous ceux qui souhaitent des Assises sur la question.
Alors que le Japon et les Etats-Unis (c’est dans la feuille de route d’Obama) et bien d’autres intensifient leur soutien à la recherche fondamentale, alors que de nouveaux acteurs montent en puissance (Chine, Inde…), il est grand temps que la France revienne à des fondamentaux : un soutien financier public et (encore plus) privé beaucoup plus fort de la recherche, une recherche fondamentale forte et indépendante couvrant les principaux champs du savoir, une recherche appliquée à développer et structurer, une fécondation de la recherche industrielle par la reconnaissance de la thèse dans les conventions sociales, un rapprochement réel du système des grandes écoles et des universités, des emplois stables avec un statut et des perspectives pour les personnels et les post-docs, une véritable débureaucratisation restituant enfin toute leur responsabilité à ceux qui ont la charge des établissements et des laboratoires et plus généralement à tous les acteurs de la recherche, un renforcement des coopérations au lieu de la compétition pour la survie qui est en passe de transformer tout le système de recherche en radeau de la Méduse, un lien plus fort science-société nourri par plus de démocratie et un enseignement rénové… Ce ne sont là que quelques pistes, mais qu’il est urgent d’approfondir devant une politique qui non seulement ne règle aucun des problèmes récurrents du système de recherche et d’enseignement supérieur français, mais qui est capable de ronger en quelques années tout le système et de piller les bijoux de la couronne, poules aux œufs d’or qui n’auront pas de descendance.
Comment pourrait-on laisser faire une chose pareille?
Le campus universitaire d’Orsay, 50 années d’histoire et une communauté en quelques chiffres : 236 ha dont 160 ha de Jardin Botanique Universitaire classé, 23 km de voirie, 102 bâtiments totalisant 345 000 m2 de surface dont 175 000 m2 consacrés aux laboratoires de recherche ; des stations de métro aux deux bouts du campus. 9 500 étudiants, 1 500 enseignants et chercheurs, 1 650 personnels administratifs et techniciens ainsi que 1 500 thésards. La formation et la recherche couvrent les champs de la biologie, la chimie, l'informatique, les mathématiques, la physique et les sciences de la Terre et de l'Univers. 35 instituts et laboratoires de recherche. Une recherche de très haut niveau, dont les lauréats Field et Nobel ne constituent que la pointe de l’iceberg, mais aussi une activité de formation remarquable, des jeunes étudiants aux doctorants.
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Le projet initial d’OIN du Plateau de Saclay a ainsi été revu, contracté (par exemple en matière de constructions de nouveaux logements) et resserré autour de son objectif central : réaliser « un pôle scientifique et technologique » à «vocation mondiale». Ce pôle s’appuie sur une zone qui regroupe déjà la plus puissante concentration de personnels et de moyens de la recherche publique française, avec l’énorme atout d’un territoire qui comporte encore une grande réserve foncière sous forme de terres agricoles. Les commentaires autour du projet d’OIN se sont souvent centrés sur les questions d’aménagement du territoire (préservation des terres agricoles etc…). Cet aspect est certes important, mais il n’est que l’un des éléments à considérer. Le fond de l’affaire (dont tout découle, y compris les modalités d’implantation envisagées) est de réaliser le prototype et l’archétype français d’une conception ultralibérale de la science et de l’enseignement supérieur et de leurs relations avec le secteur privé. Avec ce cocktail très particulier au Sarkozysme qui marie la stratégie du capitalisme des catastrophes (décrite par Naomi Klein dans son livre « La stratégie du choc ») – désarçonner toute opposition par l’accumulation d’un déluge de mesures rapides et brutales avec un calendrier ultra-serré – au bonapartisme, le puissant appareil de l’Etat étant requis pour imposer un projet sans passer par l’étape indispensable d’une large concertation avec la population. Actuellement, Christian Blanc fait la tournée des popotes auprès des responsables, des associations et des élus. Il s’agit de convaincre, de persuader que ceux qui ne monteront pas dans le train auront tout à perdre, de faire quelques concessions sur les hectares de terres agricoles, de mettre en avant telle ou telle retombée. Il s’agit en fait de lisser les objections et surtout, surtout d’empêcher les convergences contre le projet, pour l’imposer à marche forcée puisque que le Conseil des ministres devrait en faire l’examen en Janvier 2009 suivi d’un passage à l’Assemblée nationale au printemps. De plus, il ne faut pas sous-estimer que le projet de Christian Blanc comporte des aspects séducteurs… si l’on oublie le contexte. Il est vrai que peu a été fait par les gouvernements précédents pour faire en sorte qu’un potentiel, certes riche, puisse se déployer plus complètement. Cela va du dualisme Universités-Grandes Ecoles au sous-financement chronique de la rénovation et de l’entretien du campus de l’Université Paris-Sud, en passant par la multiplicité des tutelles et des régimes des établissements du Plateau et l’invraisemblable empilement des niveaux de décision et la multiplicité des sources de financement qui dévore le temps des responsables d’établissements, de labos et d’équipes. Ces vices ont été portés à leur paroxysme depuis ces dernières années par le tartinage de nouvelles couches de structures et la généralisation des financements contractuels qui mobilise et fragmente la quête de l’argent jusqu’au niveau individuel. Mais le ras-le-bol et la lassitude ne sauraient justifier de laisser mettre en place une tabula rasa ultralibérale.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le projet de Christian Blanc est un grand exercice de travaux pratiques avec des linéaments idéologiques assez aisés à identifier. Principale clé de lecture : la science est de plus en plus un facteur-clé de la production, une source nouvelle et pérenne de profits, en fait la source directe ou indirecte d’une grande partie des plus-values à venir. Mais cette recherche est coûteuse, et la France est dans le peloton de queue pour l’effort en recherche industrielle. Alors, il s’agit de réorienter l’activité du dispositif public de recherche fondamentale vers les secteurs susceptibles de donner rapidement manière à profit et de faire en sorte de connecter plus directement la meilleure recherche avec les grands groupes. L’appareillage nécessaire a été mis en place depuis 2005, et la région de l’OIN du Plateau de Saclay est sans doute la mieux dotée de France à cet égard. National + régional + local : rien ne manque au tableau.
Il y a les pôles de compétitivité. Des structures industrie-recherche pilotées par des ‘industriels’ : dans le Triangle sud de l’OIN, deux pôles mondiaux SYSTEM@TIC Paris Région (systèmes complexes ; Thalès, Dassault, EADS, …) et MEDICEN (santé ; Génopôle, Aventis, …), chacun ramifié en plusieurs branches, qui ont un ancrage lourd dans le territoire concerné. Et puis, près de Satory (et aussi en Haute et Basse Normandie), un pôle à vocation mondiale, MOVEO, autour des équipements automobiles et des transports collectifs. La proximité géographique de l’Université et des Grandes Ecoles pourrait être un atout important pour enclencher la réforme majeure qui consisterait à intégrer graduellement les écoles d’ingénieurs à l’Université pour donner à ces derniers une culture de recherche. Mais de cela, le projet d’OIN n’a cure : ce qui importe c’est d’offrir sur place aux laboratoires industriels privés le meilleur accès à la fois à la recherche publique et à la main d’œuvre qualifiée, voire d’élite, drainée dans les Ecoles.
Il y a les structures autocratiques qui graduellement confisquent les sources de l’argent et le pouvoir, en contournant le CNRS jugé trop démocratique: l’ANR, qui agit au niveau le plus profond, celui du pilotage thématique par la distribution de financements personnalisés, hors infrastructures communes, hors contrôle de structures élues, qui permet aussi de payer une masse de personnels précaires ; des établissements publics à gouvernance partagée entre privé et public ; des fondations ; des réseaux thématiques de recherche avancée, ou RTRA (DIGITEO, Triangle de la Physique) qui associent des chercheurs des organismes et des universitaires et distribuent du financement, mais sont hors de ces organismes. Puisque le système est basé sur la compétition darwinienne (baptisée « qualité », refrain familier), le système d’évaluation est un élément fondamental. C’est le rôle de l’AERES, avec des experts tous nommés. Les organismes nationaux de recherche (CEA, CNRS …) produisaient seuls ou en association l’essentiel de ce qui constitue la qualité et la productivité de la science française. Mais ces héritiers de l’après-guerre où les communistes ont joué un rôle crucial (après tout, c’est Joliot-Curie qui a impulsé le cap vers le sud de Paris) doivent être remis en cause dans leurs rôles les plus essentiels: recherche fondamentale pluridisciplinaire associant sciences dures et sciences de l’homme (CNRS), recherche appliquée appuyée sur une véritable recherche fondamentale au service de grands objectifs nationaux (CEA) ; maintien et coordination d’un front continu de la connaissance, veille scientifique ; évaluation, prospection, programmation. Ces organismes sont asphyxiés financièrement et leurs prérogatives sont méthodiquement détournées ou purement et simplement abandonnées. Même le projet de découpage en Instituts du CNRS est maintenant dépassé par des projets plus extrêmes. Lisez donc le rapport de l’AERES sur la réorganisation de la recherche en sciences de la vie et de la santé ( http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=1367), rendu public le 13 novembre. Il propose explicitement la création d’un "Institut National des Sciences de la Vie et de la Santé", rassemblant l’ensemble des financements actuellement répartis entre les organismes et les agences (notamment l’ANR) et complètement séparé des structures exécutant la recherche. Du coup, exit le département (pardon, l’Institut) Sciences de la Vie du CNRS. Du côté des universités, on met en place depuis 2007 l’ « autonomie », au nom de laquelle les Universités, étranglées de longue date par des subventions indigentes et laissées à l’abandon par les politiques successives, sont sommées de se trouver elles-mêmes leur financement. Les (grandes) Grandes Ecoles sont intouchées, voire renforcées, avec ainsi la pérennisation d’un système dual de formation propre à la France et dont les graves inconvénients sont pourtant bien connus. L’emploi scientifique est mis en cause, avec la croissance explosive de l’emploi précaire. Le rapport de l’AERES cité quelques lignes plus haut « exprime son inquiétude devant la précocité des titularisations des chercheurs français » (sic). C’est l’antienne de l’insécurité comme clé de la créativité, la stabilité de l’emploi étant conditionnée à l’évolution du facteur H personnel et à la production dans les délais des « milestones » et autres « deliverables » affichés dans les projets de contrats. Enfin, finie la recherche fondamentale comme facteur de connaissance du monde et comme élément fort de la culture : la science, la production intellectuelle et « l’immatériel » sont des marchandises.
Autre aspect majeur du projet de C. Blanc, le dogme de la proximité, du cluster (grappe, en français). Pour faire percoler science, industrie et formation, il faut entasser dans un périmètre restreint labos, université, grandes écoles et entreprises. Le projet comporte ainsi le déplacement ou la déportation d’établissements existants hors de leur tissu d’origine. Favoriser le neuf au lieu de la rénovation. Toujours la tabula rasa, avec au passage un processus de destruction-recomposition piloté par la création de « campus thématiques ». Concernant la proximité, on peut faire quelques remarques. Les exemples mythiques, Silicon Valley entre autres, s’étendent sur des dizaines voire des centaines de kms. Se focaliser sur la proximité, c’est oublier la complexité des réseaux d’échange et de coopération qui traversent le tissu scientifique et structurent ses relations avec le secteur des applications. En fait, avec Internet, tout ce qui est à plus de 30 mètres d’une cafétéria commune est quasiment à l’infini. Le cluster va scintiller dans la nuit ? On va être dans le top-ten du classement de l’université de Shanghai ?? Et alors ? Pour quel bénéfice réel et non le Bling, Bling ? Qui a imposé ce classement arbitraire si peu adapté à la France et à son système distribué d’enseignement supérieur (…dont la qualité transparaît malgré tout, comme l’Allemagne, au travers non pas des 20 premières, mais des 500 premières universités : alors, si on rapporte les résultats à sa population, la France est tout de même 5ème, devant le Japon !).
La plus grosse opération de destruction/recomposition pourrait concerner le centre universitaire d’Orsay (ce projet ne figurait pas dans le rapport Lagayette, lequel a depuis démissionné) (cf http://www.idf.pref.gouv.fr/dossiers/oin.htm). Le 13 octobre : réunion à Orsay en formation plénière des trois conseils de l’Université Paris XI avec comme ordre du jour l’adoption des propositions à remettre au ministère traçant l’avenir de l’Université pour les quatre années à venir. 17 octobre : parution dans le ‘Parisien’ d’un article mentionnant les propos de Christian Blanc, déclarant que le déménagement de l’Université sur le plateau de Saclay est plus qu’une hypothèse alors que cette question, décisive pour l’Université, n’a jamais été soumise à la discussion des instances universitaires. En fait, le campus est un ensemble qui s’est construit sur un demi-siècle, et qui est un fleuron de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Il a su essaimer depuis longtemps sur divers lieux du Plateau de Saclay. Une chose est le déménagement planifié de longue date de certaines unités de recherche avec l’accord des personnels, autre chose, et avec une autre signification, serait le déménagement complet ou par morceaux choisis du centre universitaire. La tradition d’Orsay est celle du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche : la qualité et l’accessibilité de l’enseignement et l’excellence de la recherche. Tout projet doit être d’abord mesuré à cette aune et en concertation avec tous les intéressés : enseignants, chercheurs et étudiants. Ils sont pourtant ouverts, et l’ont signifié, aux projets d’avenir qui correspondraient à un développement concerté du campus et de la région. Ce n’est malheureusement pas le cas de ce qui se trame en dehors d’eux et avec une pression et une précipitation absolument inadmissibles. Les choses vont si vite que les informations contenues dans le présent document pourraient bien être périmées au moment de leur diffusion !
Le projet de Christian Blanc est donc clair. Devant des problèmes d’une très grande importance, il propose - ou plutôt tente d’imposer - une certaine vision. Le financement prouvé n’est qu’une très petite fraction de ce qui serait requis, sauf à supputer une irrigation massive par le privé et les collectivités. Les budgets nécessaires à la réalisation de l’OIN seront-ils prélevés sur un budget de recherche et d’enseignement supérieur en stagnation ? Les moyens d’une recherche fondamentale libérée de toute obligation d’application seront-ils garantis ? La coopération entre laboratoires publics et recherche industrielle sera-t-elle fondée sur l’avantage mutuel, ou sur la subordination ?
Bref, c’est un défi qui est posé aux scientifiques, aux étudiants, à la population, aux élus. Nous pensons que l’OIN du Plateau de Saclay doit être saisie dans toutes ses dimensions, dont les surfaces agricoles ne sont, répétons le, qu’un aspect. Nous attirons l’attention sur le danger d’un consensus politique mou qui consisterait à accepter le projet actuel avec quelques concessions secondaires. Ce qui se passe à l’heure actuelle nous donne en fait à cet égard de très vives inquiétudes. Les communistes du campus d’Orsay demandent un ajournement du projet, la mise en place du temps et des modalités d’un débat public, et nous nous associons à tous ceux qui souhaitent des Assises sur la question.
Alors que le Japon et les Etats-Unis (c’est dans la feuille de route d’Obama) et bien d’autres intensifient leur soutien à la recherche fondamentale, alors que de nouveaux acteurs montent en puissance (Chine, Inde…), il est grand temps que la France revienne à des fondamentaux : un soutien financier public et (encore plus) privé beaucoup plus fort de la recherche, une recherche fondamentale forte et indépendante couvrant les principaux champs du savoir, une recherche appliquée à développer et structurer, une fécondation de la recherche industrielle par la reconnaissance de la thèse dans les conventions sociales, un rapprochement réel du système des grandes écoles et des universités, des emplois stables avec un statut et des perspectives pour les personnels et les post-docs, une véritable débureaucratisation restituant enfin toute leur responsabilité à ceux qui ont la charge des établissements et des laboratoires et plus généralement à tous les acteurs de la recherche, un renforcement des coopérations au lieu de la compétition pour la survie qui est en passe de transformer tout le système de recherche en radeau de la Méduse, un lien plus fort science-société nourri par plus de démocratie et un enseignement rénové… Ce ne sont là que quelques pistes, mais qu’il est urgent d’approfondir devant une politique qui non seulement ne règle aucun des problèmes récurrents du système de recherche et d’enseignement supérieur français, mais qui est capable de ronger en quelques années tout le système et de piller les bijoux de la couronne, poules aux œufs d’or qui n’auront pas de descendance.
Comment pourrait-on laisser faire une chose pareille?
Le campus universitaire d’Orsay, 50 années d’histoire et une communauté en quelques chiffres : 236 ha dont 160 ha de Jardin Botanique Universitaire classé, 23 km de voirie, 102 bâtiments totalisant 345 000 m2 de surface dont 175 000 m2 consacrés aux laboratoires de recherche ; des stations de métro aux deux bouts du campus. 9 500 étudiants, 1 500 enseignants et chercheurs, 1 650 personnels administratifs et techniciens ainsi que 1 500 thésards. La formation et la recherche couvrent les champs de la biologie, la chimie, l'informatique, les mathématiques, la physique et les sciences de la Terre et de l'Univers. 35 instituts et laboratoires de recherche. Une recherche de très haut niveau, dont les lauréats Field et Nobel ne constituent que la pointe de l’iceberg, mais aussi une activité de formation remarquable, des jeunes étudiants aux doctorants.
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mercredi 19 novembre 2008
Quel parti pour quelle visée communiste ? (contribution Annick J.)
Paradoxalement, c’est au moment où le vote des membres du parti semble avoir tranché la question du maintien d’un parti communiste, que le débat sur cette question est en plein développement.
En fait, ce n’est pas vraiment étonnant, dans la mesure où aucun des textes en présence ne proposait cette alternative. Personnellement, je regrette que ceux qui sont accusés, à tort ou à raison de vouloir dissoudre le parti n’aient pas jugé utile de soumettre un texte aux votes des militants, ce qui aurait pu contribuer à clarifier les positions des uns et des autres.
D’autre part, si des forces existent au sein du parti qui proposeraient cette dissolution, ce n’est à mon avis pas si clair dans les textes qu’ils produisent, pour ce dont j’ai pu prendre connaissance.
Que ce soit la contribution de Jean-Claude Gayssot paru dans l’huma, ou dans le texte publié récemment par des membres de la direction du parti, dont Elizabeth Gauhier, François Auguste, Patrice Cohen-Séat, etc, je ne suis pas sure d’avoir vu énoncé clairement dans ces textes la proposition de dissoudre le parti à travers la création d’un mouvement beaucoup plus large. L’affirmation de la nécessité d’une transformation du parti et de l’ouverture à des mouvements de luttes et des formes de militantisme participant des cultures politiques différentes ne renvoie pas me semble-t-il à la création d’une nouvelle force politique où le parti communisme se diluerait. Il n’en reste pas moins que dans l’esprit de tous, la question de savoir s’il faut ou non garder un parti communiste est au cœur d’un débat important.
Pour moi, disons d’emblée que la question de la nécessité de maintenir le PCF n’est pas une question taboue ; disons aussi qu’elle ne relève pas, et loin s’en faut, de la volonté politique des militants. Le PCF peut tout aussi bien mourir indépendamment de notre volonté politique de le maintenir en vie, et on peut même craindre qu’il ne soit en bonne voie.
La question de la nécessité du parti me paraît subordonnée à la question de la visée communiste. C’est la perspective d’une telle visée qui pose la question du type d’organisation nécessaire pour avancée vers sa réalisation.
Nous devons donc d’abord nous interroger sur ce que c’est cette visée communiste, comment la différentier de ce qui s’est mis en œuvre dans les pays dits socialistes (expériences dont il reste à mon avis, au delà de la condamnation, à analyser pleinement les causes) et si nous souhaitons maintenir la visée communiste comme un horizon de luttes.
Donc partir de ce que serait la visée communiste et commencer par mieux la définir :
Pour Lucien Sève, Marx conçoit le communisme comme le mouvement réel qui dépasse l’état des choses existant. Je suivrais également Patrick Tort pour mettre au cœur de la visée communiste l’idée-force de la réalisation de l’égalité, la suppression de l’aliénation de l’homme à travers la remise en cause radicale des rapports de domination économiques et politiques qui caractérisent le capitalisme. Ce qui pose la question de la démocratie comme outil et comme fin de la transformation sociale. Et celle du contenu que nous donnons à cette démocratie.
Donc la question de la nécessité d’un parti communiste est liée à la question de savoir s’il existe en France des forces se plaçant dans cette visée communiste. Si une autre force politique existait qui se place dans cette perspective de manière potentiellement ou réellement plus efficace que notre parti, alors ceux qui se réclament de la visée communiste doivent se poser la question d’y adhérer. Si elle n’existe pas, il faut la construire et se poser la question de savoir si c’est à travers une transformation du parti ou en construisant une nouvelle organisation. L’existence de notre parti n’a de sens que s’il se place explicitement dans la visée communiste, mais également s’il se donne les moyens d’être l’outil le plus efficace au service de cette visée. Pour moi, c’est ainsi que je m’interroge sur la nécessité ou non de conserver le parti.
Or force est de constater qu’il y a une certaine vérité dans la formule de Jean-Claude Gayssot. : sortir de l’insignifiance, ou de la préoccupation d’un texte de Janine Guespin qui constate la « détérioration progressive et jusqu’à présent inexorable de l’influence du PCF dans la vie politique française ».
Je ne crois pas que la solution pour sortir de cette situation soit un repli identitaire, surtout construit sur la base d’un discours incapable d’analyser et de prendre en compte les transformations du monde et de la société autour de nous.
Ainsi il est urgent de revisiter un certain nombre de fondamentaux marxistes, non pour les abandonner, mais pour leur redonner un contenu concret dans les conditions actuelles des sociétés contemporaines, faire l’analyse concrète de situations concrètes pour reprendre la formulation de Lénine.
Commençons par la notion de classe :
Comment caractériser les classes sociales aujourd'hui?
Quelle serait la 'classe' révolutionnaire? La classe ouvrière? Comment celle-ci s’est transformée? A la fois économiquement et dans la conscience qu’elle a d’elle-même. Ou plutôt le prolétariat ? Qui serait défini comment ? Ou faut-il plutôt parlé d’affrontements capital/travail. On a alors la classe des travailleurs (salariés essentiellement) et celle des détenteurs du capital, la confrontation étant entre travail et capital.
Mais alors il faut prendre en compte les phénomènes de fonds de pension, d’épargnes actionnariales qui viennent brouiller les cartes, et enrôler les travailleurs dans la participation à leur propre exploitation contre leurs intérêts objectifs. Plus largement il faut analyser tous les outils que le capital met en œuvre pour obtenir cette participation.
Comment analysons-nous les évolutions de la société? De la conscience de classe? Pour moi, il me paraît clair que l'essentiel des luttes, aussi fragmentées soient-elles se passent en dehors de nous. Loin d'être à la pointe, nous sommes souvent à la remorque, et vécus au mieux comme inutiles. Nous avons largement sous-estimé (peut-être en raison de notre conception de la classe ouvrière, de son rôle comme classe révolutionnaire, d’un déficit d’analyse des transformations sociales qui se sont produites, particulièrement après la deuxième guerre mondiale) nombres de mouvements émancipateurs qui se sont développés, quand nous ne les avons pas carrément freiné : mouvements féministes en particulier, mais aussi luttes des immigrés, des chômeurs, mouvements altermondialistes…Et le fait que ces mouvements soient nés et se soient développés en dehors de nous y est sans doute pour beaucoup. Et quand nous avons réalisé l’importance de ces mouvements, nous avons été incapables de définir un rôle spécifique du parti dans ces luttes. Il me semble que nous oscillons sans arrêt entre le rejet pur et simple, la participation en donneurs de leçons, ou l’abdication de ce que nous pourrions y contribuer spécifiquement.
Ce qui pose la question du rassemblement et de notre stratégie. Si l’on vise à un mouvement émancipateur qui remette radicalement en cause les rapports de dominations sociales et économiques du capitaliste, mouvement qui doit se développer démocratiquement et devenir majoritaire, si on renonce à la vision du grand soir et de la prise de pouvoir insurrectionnelle, alors cette question du rassemblement majoritaire est incontournable. Reconnaître dans les luttes qui se mènent aussi parcellaires soient-elles, leur portée émancipatrice, et donc comme participant du mouvement même du communisme en train d’accoucher, même sans se penser comme-t-elles, nous impose de réfléchir sur notre rapport difficile à ces luttes. Ceci pose la question effectivement de notre ouverture aux autres, à d’autres cultures politiques. Nous pouvons et devrions analyser deux expériences récentes : le succès du rassemblement pour le non et l’échec des collectifs unitaires. Ouverture à d’autres cultures, cela ne veut pas dire abolir notre spécificité. Quel serait le rôle spécifique de notre parti dans ce rassemblement ? Pour reprendre là aussi une contribution de Janine Guespin, dans laquelle je me retrouve :
« Il est indispensable de parvenir à articuler ces luttes émancipatrices et la bataille politique globalisante. Articuler, cela ne signifie pas ‘ajouter’ ces deux types de luttes, car elles sont à la fois indispensables et très différentes. Ni que les unes doivent absorber, surplomber ou diriger les autres. Cela signifie fertiliser la bataille politique avec les idées et les expériences issues des luttes émancipatrices et renforcer les luttes émancipatrices à la fois par les succès politiques et par l’enrichissement théorique du patrimoine communiste ainsi renouvelé. Cela signifie tenir compte de ces initiatives émancipatrices, même si elles sont le fait de personnes qui rejettent a priori toute idée de communisme. C’est une nouvelle culture, qui exige une nouvelle pratique, et qui peut devenir, progressivement, celle d’une organisation communiste réellement tournée vers le communisme. »
Je souhaite également aborder le problème de la constante référence à la "gauche" ou « au peuple de gauche », présente dans la base commune. Selon moi, le parti à reconstruire n’est pas comme le dit Martelli « une nouvelle force à gauche », une force à gauche de la gauche, où l’objectif est de se positionner (en termes électoralistes ?) dans l’éventail de l’offre politique nationale. Le parti ne doit pas se positionner en termes d’offres politiques, les places gagnées sur le marché politique déterminant ensuite la stratégie des alliances, mais bien par rapport à la visée communiste et dans une relation renouvelée au peuple, au monde du travail, à la classe des dominés (qui va bien au-delà de la classe ouvrière). Il peut certes y avoir référence à la gauche au niveau des valeurs (des valeurs de gauche). Mais construire le rassemblement majoritaire, c'est élargir ces valeurs à l'ensemble des forces productives, le monde du travail, du salariat.
Ainsi la notion ‘Le peuple de "gauche" me paraît trop vague et peu pertinente pour penser une base sociale et politique de transformation radicale.
Il faut mener le combat idéologique pour concrétiser cette base sociale en force effective d'émancipation. Mais en prenant en compte et en respectant la recherche de ce qui s'y passe ou s'est passé.
Pour conclure, je voudrais citer à nouveau Patrick Tort en conclusion, qui écrivait en 1985 : « Le marxisme doit être profané. Cela signifie qu’il doit sortir du temple. Qu’il doit être montré aux yeux du peuple comme un grand texte qui le concerne et qui a même cherché à formuler la vérité de sa mission historique. Un grand texte qui enferme une grande logique où sa force et sa pensée s’organisent en projet et en action. »
Ce passage m’a fait penser à une autre tradition, très éloignée de la nôtre, mais qui m’a suggéré une idée.
Il existe dans le protestantisme, en tout cas dans le protestantisme historique réformée, à défaut du protestantisme évangélique anglo saxon que nous pouvons avoir en tête, une tradition de lecture de la bible, lecture s’alimentant des approches historico-critiques développées depuis la fin du 19ème siècle. Cette tradition est mise en œuvre à travers des groupes d’animation biblique, où, aidées par des personnes compétentes, les personnes intéressées (pas nécessairement croyantes du reste) lisent les textes, s’interrogent sur leur signification au moment où ils ont été produits, et sur leurs portées éventuelles pour eux aujourd’hui.
Je pense que la même démarche pourrait s’appliquer au corpus théorique du marxisme. Nous regrettons souvent un déficit d’analyses, d’élaborations théoriques ; en fait, il se passe beaucoup de choses dans et autour du parti, à Espace-Marx, à la fondation Gabriel Péri, ou ailleurs. Or, j’ai l’impression que tous ces travaux, pourtant souvent très intéressants, ne se reflètent pas dans les textes politiques que nous produisons, ne parviennent pas à être des guides pour l’action politique. Or c’est peut-être là qu’une organisation comme la nôtre aurait le plus à amener, par sa référence marxiste, Marx insistant justement sur cet aller-retour entre théorie et pratique.
C’est bien dans un tel souci que notre section a organisé plusieurs conférences. Mais ces conférences, si elles sont utiles, ne permettent pas vraiment aux militants de s’approprier les questions abordés y compris en pouvant contribuer par leur réflexion commune et critique à l’enrichissement de la réflexion. Je me demande s’il ne serait pas possible de s’inspirer du modèle des groupes d’animation biblique pour créer des groupes d’animation marxiste, où nous relirions Marx ensemble, collectivement, aidés par des personnes compétentes pour éviter les contresens historiques, afin de nous l’approprier pleinement pour nous, aujourd’hui, dans nos pratiques politiques.
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En fait, ce n’est pas vraiment étonnant, dans la mesure où aucun des textes en présence ne proposait cette alternative. Personnellement, je regrette que ceux qui sont accusés, à tort ou à raison de vouloir dissoudre le parti n’aient pas jugé utile de soumettre un texte aux votes des militants, ce qui aurait pu contribuer à clarifier les positions des uns et des autres.
D’autre part, si des forces existent au sein du parti qui proposeraient cette dissolution, ce n’est à mon avis pas si clair dans les textes qu’ils produisent, pour ce dont j’ai pu prendre connaissance.
Que ce soit la contribution de Jean-Claude Gayssot paru dans l’huma, ou dans le texte publié récemment par des membres de la direction du parti, dont Elizabeth Gauhier, François Auguste, Patrice Cohen-Séat, etc, je ne suis pas sure d’avoir vu énoncé clairement dans ces textes la proposition de dissoudre le parti à travers la création d’un mouvement beaucoup plus large. L’affirmation de la nécessité d’une transformation du parti et de l’ouverture à des mouvements de luttes et des formes de militantisme participant des cultures politiques différentes ne renvoie pas me semble-t-il à la création d’une nouvelle force politique où le parti communisme se diluerait. Il n’en reste pas moins que dans l’esprit de tous, la question de savoir s’il faut ou non garder un parti communiste est au cœur d’un débat important.
Pour moi, disons d’emblée que la question de la nécessité de maintenir le PCF n’est pas une question taboue ; disons aussi qu’elle ne relève pas, et loin s’en faut, de la volonté politique des militants. Le PCF peut tout aussi bien mourir indépendamment de notre volonté politique de le maintenir en vie, et on peut même craindre qu’il ne soit en bonne voie.
La question de la nécessité du parti me paraît subordonnée à la question de la visée communiste. C’est la perspective d’une telle visée qui pose la question du type d’organisation nécessaire pour avancée vers sa réalisation.
Nous devons donc d’abord nous interroger sur ce que c’est cette visée communiste, comment la différentier de ce qui s’est mis en œuvre dans les pays dits socialistes (expériences dont il reste à mon avis, au delà de la condamnation, à analyser pleinement les causes) et si nous souhaitons maintenir la visée communiste comme un horizon de luttes.
Donc partir de ce que serait la visée communiste et commencer par mieux la définir :
Pour Lucien Sève, Marx conçoit le communisme comme le mouvement réel qui dépasse l’état des choses existant. Je suivrais également Patrick Tort pour mettre au cœur de la visée communiste l’idée-force de la réalisation de l’égalité, la suppression de l’aliénation de l’homme à travers la remise en cause radicale des rapports de domination économiques et politiques qui caractérisent le capitalisme. Ce qui pose la question de la démocratie comme outil et comme fin de la transformation sociale. Et celle du contenu que nous donnons à cette démocratie.
Donc la question de la nécessité d’un parti communiste est liée à la question de savoir s’il existe en France des forces se plaçant dans cette visée communiste. Si une autre force politique existait qui se place dans cette perspective de manière potentiellement ou réellement plus efficace que notre parti, alors ceux qui se réclament de la visée communiste doivent se poser la question d’y adhérer. Si elle n’existe pas, il faut la construire et se poser la question de savoir si c’est à travers une transformation du parti ou en construisant une nouvelle organisation. L’existence de notre parti n’a de sens que s’il se place explicitement dans la visée communiste, mais également s’il se donne les moyens d’être l’outil le plus efficace au service de cette visée. Pour moi, c’est ainsi que je m’interroge sur la nécessité ou non de conserver le parti.
Or force est de constater qu’il y a une certaine vérité dans la formule de Jean-Claude Gayssot. : sortir de l’insignifiance, ou de la préoccupation d’un texte de Janine Guespin qui constate la « détérioration progressive et jusqu’à présent inexorable de l’influence du PCF dans la vie politique française ».
Je ne crois pas que la solution pour sortir de cette situation soit un repli identitaire, surtout construit sur la base d’un discours incapable d’analyser et de prendre en compte les transformations du monde et de la société autour de nous.
Ainsi il est urgent de revisiter un certain nombre de fondamentaux marxistes, non pour les abandonner, mais pour leur redonner un contenu concret dans les conditions actuelles des sociétés contemporaines, faire l’analyse concrète de situations concrètes pour reprendre la formulation de Lénine.
Commençons par la notion de classe :
Comment caractériser les classes sociales aujourd'hui?
Quelle serait la 'classe' révolutionnaire? La classe ouvrière? Comment celle-ci s’est transformée? A la fois économiquement et dans la conscience qu’elle a d’elle-même. Ou plutôt le prolétariat ? Qui serait défini comment ? Ou faut-il plutôt parlé d’affrontements capital/travail. On a alors la classe des travailleurs (salariés essentiellement) et celle des détenteurs du capital, la confrontation étant entre travail et capital.
Mais alors il faut prendre en compte les phénomènes de fonds de pension, d’épargnes actionnariales qui viennent brouiller les cartes, et enrôler les travailleurs dans la participation à leur propre exploitation contre leurs intérêts objectifs. Plus largement il faut analyser tous les outils que le capital met en œuvre pour obtenir cette participation.
Comment analysons-nous les évolutions de la société? De la conscience de classe? Pour moi, il me paraît clair que l'essentiel des luttes, aussi fragmentées soient-elles se passent en dehors de nous. Loin d'être à la pointe, nous sommes souvent à la remorque, et vécus au mieux comme inutiles. Nous avons largement sous-estimé (peut-être en raison de notre conception de la classe ouvrière, de son rôle comme classe révolutionnaire, d’un déficit d’analyse des transformations sociales qui se sont produites, particulièrement après la deuxième guerre mondiale) nombres de mouvements émancipateurs qui se sont développés, quand nous ne les avons pas carrément freiné : mouvements féministes en particulier, mais aussi luttes des immigrés, des chômeurs, mouvements altermondialistes…Et le fait que ces mouvements soient nés et se soient développés en dehors de nous y est sans doute pour beaucoup. Et quand nous avons réalisé l’importance de ces mouvements, nous avons été incapables de définir un rôle spécifique du parti dans ces luttes. Il me semble que nous oscillons sans arrêt entre le rejet pur et simple, la participation en donneurs de leçons, ou l’abdication de ce que nous pourrions y contribuer spécifiquement.
Ce qui pose la question du rassemblement et de notre stratégie. Si l’on vise à un mouvement émancipateur qui remette radicalement en cause les rapports de dominations sociales et économiques du capitaliste, mouvement qui doit se développer démocratiquement et devenir majoritaire, si on renonce à la vision du grand soir et de la prise de pouvoir insurrectionnelle, alors cette question du rassemblement majoritaire est incontournable. Reconnaître dans les luttes qui se mènent aussi parcellaires soient-elles, leur portée émancipatrice, et donc comme participant du mouvement même du communisme en train d’accoucher, même sans se penser comme-t-elles, nous impose de réfléchir sur notre rapport difficile à ces luttes. Ceci pose la question effectivement de notre ouverture aux autres, à d’autres cultures politiques. Nous pouvons et devrions analyser deux expériences récentes : le succès du rassemblement pour le non et l’échec des collectifs unitaires. Ouverture à d’autres cultures, cela ne veut pas dire abolir notre spécificité. Quel serait le rôle spécifique de notre parti dans ce rassemblement ? Pour reprendre là aussi une contribution de Janine Guespin, dans laquelle je me retrouve :
« Il est indispensable de parvenir à articuler ces luttes émancipatrices et la bataille politique globalisante. Articuler, cela ne signifie pas ‘ajouter’ ces deux types de luttes, car elles sont à la fois indispensables et très différentes. Ni que les unes doivent absorber, surplomber ou diriger les autres. Cela signifie fertiliser la bataille politique avec les idées et les expériences issues des luttes émancipatrices et renforcer les luttes émancipatrices à la fois par les succès politiques et par l’enrichissement théorique du patrimoine communiste ainsi renouvelé. Cela signifie tenir compte de ces initiatives émancipatrices, même si elles sont le fait de personnes qui rejettent a priori toute idée de communisme. C’est une nouvelle culture, qui exige une nouvelle pratique, et qui peut devenir, progressivement, celle d’une organisation communiste réellement tournée vers le communisme. »
Je souhaite également aborder le problème de la constante référence à la "gauche" ou « au peuple de gauche », présente dans la base commune. Selon moi, le parti à reconstruire n’est pas comme le dit Martelli « une nouvelle force à gauche », une force à gauche de la gauche, où l’objectif est de se positionner (en termes électoralistes ?) dans l’éventail de l’offre politique nationale. Le parti ne doit pas se positionner en termes d’offres politiques, les places gagnées sur le marché politique déterminant ensuite la stratégie des alliances, mais bien par rapport à la visée communiste et dans une relation renouvelée au peuple, au monde du travail, à la classe des dominés (qui va bien au-delà de la classe ouvrière). Il peut certes y avoir référence à la gauche au niveau des valeurs (des valeurs de gauche). Mais construire le rassemblement majoritaire, c'est élargir ces valeurs à l'ensemble des forces productives, le monde du travail, du salariat.
Ainsi la notion ‘Le peuple de "gauche" me paraît trop vague et peu pertinente pour penser une base sociale et politique de transformation radicale.
Il faut mener le combat idéologique pour concrétiser cette base sociale en force effective d'émancipation. Mais en prenant en compte et en respectant la recherche de ce qui s'y passe ou s'est passé.
Pour conclure, je voudrais citer à nouveau Patrick Tort en conclusion, qui écrivait en 1985 : « Le marxisme doit être profané. Cela signifie qu’il doit sortir du temple. Qu’il doit être montré aux yeux du peuple comme un grand texte qui le concerne et qui a même cherché à formuler la vérité de sa mission historique. Un grand texte qui enferme une grande logique où sa force et sa pensée s’organisent en projet et en action. »
Ce passage m’a fait penser à une autre tradition, très éloignée de la nôtre, mais qui m’a suggéré une idée.
Il existe dans le protestantisme, en tout cas dans le protestantisme historique réformée, à défaut du protestantisme évangélique anglo saxon que nous pouvons avoir en tête, une tradition de lecture de la bible, lecture s’alimentant des approches historico-critiques développées depuis la fin du 19ème siècle. Cette tradition est mise en œuvre à travers des groupes d’animation biblique, où, aidées par des personnes compétentes, les personnes intéressées (pas nécessairement croyantes du reste) lisent les textes, s’interrogent sur leur signification au moment où ils ont été produits, et sur leurs portées éventuelles pour eux aujourd’hui.
Je pense que la même démarche pourrait s’appliquer au corpus théorique du marxisme. Nous regrettons souvent un déficit d’analyses, d’élaborations théoriques ; en fait, il se passe beaucoup de choses dans et autour du parti, à Espace-Marx, à la fondation Gabriel Péri, ou ailleurs. Or, j’ai l’impression que tous ces travaux, pourtant souvent très intéressants, ne se reflètent pas dans les textes politiques que nous produisons, ne parviennent pas à être des guides pour l’action politique. Or c’est peut-être là qu’une organisation comme la nôtre aurait le plus à amener, par sa référence marxiste, Marx insistant justement sur cet aller-retour entre théorie et pratique.
C’est bien dans un tel souci que notre section a organisé plusieurs conférences. Mais ces conférences, si elles sont utiles, ne permettent pas vraiment aux militants de s’approprier les questions abordés y compris en pouvant contribuer par leur réflexion commune et critique à l’enrichissement de la réflexion. Je me demande s’il ne serait pas possible de s’inspirer du modèle des groupes d’animation biblique pour créer des groupes d’animation marxiste, où nous relirions Marx ensemble, collectivement, aidés par des personnes compétentes pour éviter les contresens historiques, afin de nous l’approprier pleinement pour nous, aujourd’hui, dans nos pratiques politiques.
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Congrès
Le Parti communiste et la science. Pour une politique démocratique de la recherche (contribution Pascal L.)
Le texte ci-dessous vise à susciter, lors du 34ème Congrès du PCF, l’élaboration d’un texte fondamental du PCF sur la Science. Il est inspiré pour partie par des travaux de la Commission recherche-enseignement supérieur, et, pour partie, par des documents élaborés par le PCF lors de la discussion du programme des comités anti-libéraux. Les idées de ce texte devraient être reprises dans un document plus élaboré du Congrès.
La politique de la recherche et de l’enseignement supérieur est, à l’heure de la crise du capitalisme, un terrain d'affrontements entre forces sociales. Plus précisément entre les multinationales et le reste de la société. La tendance dominante actuelle, qui fait peser sur les thèmes scientifiques, les répartitions budgétaires, les formes d'emploi, les structures de financement,etc., les orientations favorables au exigences du MEDEF même si elle semble en ce moment avoir le champ libre, ne peut pas tout: elle se heurte à l’aspiration de la société à la culture, à la compréhension du monde, à la résolution des problèmes qui se posent dans tout les domaines de la vie sociale. Cette politique peut-elle être combattue, voire inversée? Pouvons nous contribuer à définir les grands traits de ce que serait une politique scientifique démocratique? Un tel objectif serait sans doute catalyseur de luttes utiles, et contribuerait à définir un projet communiste cohérent.
L'orientation formulée il y a déja quelques années par Francis Mer, lors du gouvernement Raffarin II, était « d'adapter l'appareil public de recherche aux besoins des entreprises ». Cet objectif est mis en oeuvre avec brutalité par le gouvernement Sarkozy. En effet, conscientes de l'importance décisive de l'innovation dans la guerre économique qu’elles se livrent pour la conquête des marchés, recherchant dans la spéculation financière le moyen de gonfler au maximum le taux de profit, les grandes entreprises ne veulent pas faire d'effort financier supplémentaire de recherche, trop coûteux. Elles souhaitent piloter l'appareil public de recherche, le contraindre à développer les créneaux les plus utiles pour elles dans la guerre économique, en économisant sur leur propre effort de recherche
Il est à souligner que l’accélération continuelle des connaissances, et la course à l’innovation dans la guerre économique entre groupes industriels est au coeur de la crise du capitalisme. L’introduction continuelle de nouveaux moyens de productions et de nouvelles productions entraîne une augmentation continuelle du capital fixe à l’échelle de la planète, une élimination du travail humain, et donc, une baisse tendancielle du taux de profit moyen. La révolution numérique, et l’accroissement correspondant du contenu intellectuel du travail ont accéléré ce processus.
La politique actuelle du tandem Sarkozy/Pécresse se caractérise par:
Les propositions du parti communiste
Il est constant dans l’histoire humaine que les grandes avancées de la connaissance ont non seulement modifié profondément notre vision du monde, mais déclenché des modifications profondes du mode de production. Que l’on songe à Galilée, Newton, Pasteur, Einstein, Von Neumann, à la mécanique quantique, au code génétique, à la théorie du chaos, etc.. La science est non seulement au cœur de la culture, au même titre que les arts, elle est au cœur des transformations sociales. La révolution informationnelle, qui accélère tous les processus liés à l’élaboration des connaissances est un aspect particulier de la révolution scientifique,
Le PCF considère que la recherche et l’enseignement supérieur peuvent jouer un rôle très important pour le progrès culturel, économique et social, et pour la création de conditions permettant l’épanouissement de chaque personnalité. Trois conditions pour donner au développement scientifique sont plein sens de progrès culturel, économique et social : le soustraire à la pression des multinationales, lui donner les moyens de remplir sa mission, et développer la démocratie dans la gestion des personnels, l’évaluation des équipes, et la définition des thèmes de recherche.
** Un élément central d’une politique démocratique de la recherche et de l’Université est la définition d’un secteur public de recherche fondamentale dégagé de toute obligation d’application, mais voué au développement d’un front continu des connaissances. On peut chiffrer à 1% du PIB le financement souhaitable d’un tel secteur, en contraste avec la part de 0,6% attribué en 2008 à la recherche publique avec un impératif d’applications rapides. La liberté thématique de la recherche fondamentale s’exercera en tenant compte des avis de structures élues représentatives des travailleurs scientifiques et de comités consultatifs de citoyens, contribuant à l’allocation des moyens budgétaires par le Parlement.
** Pour autant, la collaboration féconde de ce secteur public avec le secteur industriel, public ou privé, sera encouragée, sur la base de l’avantage mutuel, tant il est clair que les problèmes posés par l’application soulèvent à leur tour des questions fondamentales. Par ailleurs, la société attend à juste titre du progrès scientifique et technique la solution de problèmes qui se posent dans toutes les sphères de la vie sociale. Il sera mis fin à la subordination actuelle de la recherche publique aux besoins industriels.
** Le financement de la recherche publique sera assuré à 70 % au moins par les budgets récurrents des laboratoires, permettant le financement des initiatives scientifiques surgissant du mouvement des connaissances. Une structure du genre ANR peut être utile, pour le développement de recherches nouvelles surgissant du mouvement des connaissances, à condition qu’elle ne représente pas plus de 15% des budgets des laboratoires.
** Les procédures d’attribution de crédits publics seront allégées, avec un contrôle a posteriori de leur utilisation par des instances à majorité élue.
** Un paragraphe concernant les grands organismes de recherche appliquée (CEA, ONERA, IFREMER, ORSTOM, etc.,) devra être élaboré en collaboration avec des travailleurs scientifiques de ces organismes.
** Le financement de la recherche de développement sera assuré pour l’essentiel par les entreprises, et devrait être porté à hauteur de 2% du PIB. Des secteurs publics industriels, à gestion démocratique, libérés de la recherche du taux de profit maximum, devront développer des laboratoires de recherche/développement avec des personnels salariés disposant de nouveaux droits dans la définition des axes de recherche. La collaboration des laboratoires industriels avec les chercheurs du secteur public sera encouragée, sur la base du volontariat et de l’intérêt mutuel
** Un effort considérable de recherche, tant fondamentale qu’industrielle sera nécessaire pour prendre en compte les impératifs d’un développement durable, la préservation de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation des ressources en eau de la planète, etc.,
** L’enseignement supérieur aura pour mission de dispenser une formation de masse et de qualité, en liaison étroite avec la recherche. Des créations de postes statutaires en nombres suffisants permettront de réduire le service d’enseignement pour tous à 124 heures annuelles équivalent TD, et de dégager pour tous le temps nécessaire pour la recherche. Un objectif important en ce qui concerne la formation moderne des ingénieurs sera l’intégration, la plus rapide possible, des Grandes Ecoles aux Universités, ainsi que celle des classes préparatoires, dont l’enseignement devra être lié à la recherche.
** Tous les métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur bénéficieront de statuts assurant la stabilité d’emploi, éliminant le caractère stérilisant de la précarité que favorise le pouvoir actuel, et comportant en même temps une forte incitation à la mobilité. Les carrières seront fortement améliorées et les salaires revalorisés afin de redonner leur attractivité aux métiers correspondants, et donc l’afflux de jeunes diplômés vers les carrières de la recherche et de l’enseignement supérieur.
** Le service public d’enseignement supérieur et de recherche doit être soustrait à tout enjeu de marchandisation et notamment doit être extrait du champ des négociations de l’OMC; il doit être extrait du champ d’application d’éventuelles directives sur les services.
** La politique de recherche européenne encouragera les coopérations entre équipes européennes, entre l’Europe et les autres parties du monde, avec une forte composante d’aide au développement scientifique des pays du sud, avec formation de cadres scientifiques encouragés à travailler au pays. Cette politique s’appuiera sur un conseil européen de la science comportant au minimum 2/3 d’élus des travailleurs scientifiques européens, soit par élection directe, soit par contingents nationaux élus. Le conseil européen de la science sera notamment chargé de proposer les thèmes scientifiques prioritaires au parlement et à la commission. En vue d’arriver à un statut européen du travailleur scientifique permettant à la fois sécurité et mobilité volontaire, avec équivalence des acquis sociaux dans tous les pays de l’Union, une politique européenne de lutte contre la précarité scientifique en Europe sera proposée par la France. La création d’emplois scientifiques pérennes dans tous les pays de l’Union sera proposée et encouragée.
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La politique de la recherche et de l’enseignement supérieur est, à l’heure de la crise du capitalisme, un terrain d'affrontements entre forces sociales. Plus précisément entre les multinationales et le reste de la société. La tendance dominante actuelle, qui fait peser sur les thèmes scientifiques, les répartitions budgétaires, les formes d'emploi, les structures de financement,etc., les orientations favorables au exigences du MEDEF même si elle semble en ce moment avoir le champ libre, ne peut pas tout: elle se heurte à l’aspiration de la société à la culture, à la compréhension du monde, à la résolution des problèmes qui se posent dans tout les domaines de la vie sociale. Cette politique peut-elle être combattue, voire inversée? Pouvons nous contribuer à définir les grands traits de ce que serait une politique scientifique démocratique? Un tel objectif serait sans doute catalyseur de luttes utiles, et contribuerait à définir un projet communiste cohérent.
L'orientation formulée il y a déja quelques années par Francis Mer, lors du gouvernement Raffarin II, était « d'adapter l'appareil public de recherche aux besoins des entreprises ». Cet objectif est mis en oeuvre avec brutalité par le gouvernement Sarkozy. En effet, conscientes de l'importance décisive de l'innovation dans la guerre économique qu’elles se livrent pour la conquête des marchés, recherchant dans la spéculation financière le moyen de gonfler au maximum le taux de profit, les grandes entreprises ne veulent pas faire d'effort financier supplémentaire de recherche, trop coûteux. Elles souhaitent piloter l'appareil public de recherche, le contraindre à développer les créneaux les plus utiles pour elles dans la guerre économique, en économisant sur leur propre effort de recherche
Il est à souligner que l’accélération continuelle des connaissances, et la course à l’innovation dans la guerre économique entre groupes industriels est au coeur de la crise du capitalisme. L’introduction continuelle de nouveaux moyens de productions et de nouvelles productions entraîne une augmentation continuelle du capital fixe à l’échelle de la planète, une élimination du travail humain, et donc, une baisse tendancielle du taux de profit moyen. La révolution numérique, et l’accroissement correspondant du contenu intellectuel du travail ont accéléré ce processus.
La politique actuelle du tandem Sarkozy/Pécresse se caractérise par:
- un accroissement des moyens budgétaires octroyés sans contrôle aux industriels sous forme de crédits d’impôt (un milliard d’euros en 2008). Au cours des dix dernières années, en revanche, Alcatel, Péchiney, Arcelor-Mittal, France Telecom, et d’autres, ont liquidé leurs laboratoires de recherche en France.
- Une stagnation des moyens publics alloués à la recherche publique.
- Une dégradation confirmée des rémunérations et des carrières de toutes les catégories de personnels scientifiques
- Un pilotage de plus en plus étroit, par le biais de l’ANR notamment, (mais aussi par des opérations comme l’O.I.N. de Saclay) de la recherche publique par l’application. La part des “contrats blancs” de l’ANR a été révisée à la hausse sous la pression des chercheurs. Le mode de financement contractuel des recherches entraîne une bureaucratisation accélérée et des gâchis humains. Les budgets récurrents des équipes sont insuffisants pour permettre une créativité scientifique originale.
- Une suppression de postes stables dans la recherche et l’enseignement supérieur, (900 en 2009) et une précarisation des jeunes chercheurs, déja précaires pendant la thèse, et dont la période de précarité s’allonge d’années en année, notamment au moyen des contrats ANR, européens etc.
- La mise hors circuit des structures démocratiques des grands organismes. Au CNRS, l’évaluation des équipes est retirée aux organes à majorité élus par les scientifiques, seule l’évaluation des personnes étant maintenue pour l’instant. La voie est ouverte à la suppression, par des comités d’experts nommés, de centaines d’équipes jugées peu rentables.
- La généralisation de structures autocratiques telles que Réseaux Thématiques
- La création de pôles d’excellence regroupant des moyens importants prélevés sur une enveloppe globale en stagnation, entraînant la désertification scientifique et universitaire de territoires éloignés des pôles
- Un effort de communication, relayé par les média, pour convaincre l’opinion publique que recherche et enseignement supérieur sont “des priorités de l’action gouvernementale”, à rebours de la réalité.
Les propositions du parti communiste
Il est constant dans l’histoire humaine que les grandes avancées de la connaissance ont non seulement modifié profondément notre vision du monde, mais déclenché des modifications profondes du mode de production. Que l’on songe à Galilée, Newton, Pasteur, Einstein, Von Neumann, à la mécanique quantique, au code génétique, à la théorie du chaos, etc.. La science est non seulement au cœur de la culture, au même titre que les arts, elle est au cœur des transformations sociales. La révolution informationnelle, qui accélère tous les processus liés à l’élaboration des connaissances est un aspect particulier de la révolution scientifique,
Le PCF considère que la recherche et l’enseignement supérieur peuvent jouer un rôle très important pour le progrès culturel, économique et social, et pour la création de conditions permettant l’épanouissement de chaque personnalité. Trois conditions pour donner au développement scientifique sont plein sens de progrès culturel, économique et social : le soustraire à la pression des multinationales, lui donner les moyens de remplir sa mission, et développer la démocratie dans la gestion des personnels, l’évaluation des équipes, et la définition des thèmes de recherche.
** Un élément central d’une politique démocratique de la recherche et de l’Université est la définition d’un secteur public de recherche fondamentale dégagé de toute obligation d’application, mais voué au développement d’un front continu des connaissances. On peut chiffrer à 1% du PIB le financement souhaitable d’un tel secteur, en contraste avec la part de 0,6% attribué en 2008 à la recherche publique avec un impératif d’applications rapides. La liberté thématique de la recherche fondamentale s’exercera en tenant compte des avis de structures élues représentatives des travailleurs scientifiques et de comités consultatifs de citoyens, contribuant à l’allocation des moyens budgétaires par le Parlement.
** Pour autant, la collaboration féconde de ce secteur public avec le secteur industriel, public ou privé, sera encouragée, sur la base de l’avantage mutuel, tant il est clair que les problèmes posés par l’application soulèvent à leur tour des questions fondamentales. Par ailleurs, la société attend à juste titre du progrès scientifique et technique la solution de problèmes qui se posent dans toutes les sphères de la vie sociale. Il sera mis fin à la subordination actuelle de la recherche publique aux besoins industriels.
** Le financement de la recherche publique sera assuré à 70 % au moins par les budgets récurrents des laboratoires, permettant le financement des initiatives scientifiques surgissant du mouvement des connaissances. Une structure du genre ANR peut être utile, pour le développement de recherches nouvelles surgissant du mouvement des connaissances, à condition qu’elle ne représente pas plus de 15% des budgets des laboratoires.
** Les procédures d’attribution de crédits publics seront allégées, avec un contrôle a posteriori de leur utilisation par des instances à majorité élue.
** Un paragraphe concernant les grands organismes de recherche appliquée (CEA, ONERA, IFREMER, ORSTOM, etc.,) devra être élaboré en collaboration avec des travailleurs scientifiques de ces organismes.
** Le financement de la recherche de développement sera assuré pour l’essentiel par les entreprises, et devrait être porté à hauteur de 2% du PIB. Des secteurs publics industriels, à gestion démocratique, libérés de la recherche du taux de profit maximum, devront développer des laboratoires de recherche/développement avec des personnels salariés disposant de nouveaux droits dans la définition des axes de recherche. La collaboration des laboratoires industriels avec les chercheurs du secteur public sera encouragée, sur la base du volontariat et de l’intérêt mutuel
** Un effort considérable de recherche, tant fondamentale qu’industrielle sera nécessaire pour prendre en compte les impératifs d’un développement durable, la préservation de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation des ressources en eau de la planète, etc.,
** L’enseignement supérieur aura pour mission de dispenser une formation de masse et de qualité, en liaison étroite avec la recherche. Des créations de postes statutaires en nombres suffisants permettront de réduire le service d’enseignement pour tous à 124 heures annuelles équivalent TD, et de dégager pour tous le temps nécessaire pour la recherche. Un objectif important en ce qui concerne la formation moderne des ingénieurs sera l’intégration, la plus rapide possible, des Grandes Ecoles aux Universités, ainsi que celle des classes préparatoires, dont l’enseignement devra être lié à la recherche.
** Tous les métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur bénéficieront de statuts assurant la stabilité d’emploi, éliminant le caractère stérilisant de la précarité que favorise le pouvoir actuel, et comportant en même temps une forte incitation à la mobilité. Les carrières seront fortement améliorées et les salaires revalorisés afin de redonner leur attractivité aux métiers correspondants, et donc l’afflux de jeunes diplômés vers les carrières de la recherche et de l’enseignement supérieur.
** Le service public d’enseignement supérieur et de recherche doit être soustrait à tout enjeu de marchandisation et notamment doit être extrait du champ des négociations de l’OMC; il doit être extrait du champ d’application d’éventuelles directives sur les services.
** La politique de recherche européenne encouragera les coopérations entre équipes européennes, entre l’Europe et les autres parties du monde, avec une forte composante d’aide au développement scientifique des pays du sud, avec formation de cadres scientifiques encouragés à travailler au pays. Cette politique s’appuiera sur un conseil européen de la science comportant au minimum 2/3 d’élus des travailleurs scientifiques européens, soit par élection directe, soit par contingents nationaux élus. Le conseil européen de la science sera notamment chargé de proposer les thèmes scientifiques prioritaires au parlement et à la commission. En vue d’arriver à un statut européen du travailleur scientifique permettant à la fois sécurité et mobilité volontaire, avec équivalence des acquis sociaux dans tous les pays de l’Union, une politique européenne de lutte contre la précarité scientifique en Europe sera proposée par la France. La création d’emplois scientifiques pérennes dans tous les pays de l’Union sera proposée et encouragée.
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mardi 28 octobre 2008
Message aux mouvements sociaux qui intègrent la Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie
"Je veux partager et proposer à débat quelques 10 commandements pour sauver la planète, l’humanité et la vie", Evo Morales, 09 Oct 08.
Dans le cadre de la Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie et avec Evo Morales qui s’est déroulée le 9 octobre 2008 dans la ville du Guatemala –en activité connexe au III Forum Social des Amériques-, le président bolivien a fait parvenir le message suivant aux mouvements sociaux qui y étaient présents.
Message du Président Evo Morales à la Journée Continentale de Solidaritéavec la Bolivie, Ville du Guatemala, 9 octobre 2008.
Soeurs et frères,
Je salue, au nom du peuple de la Bolivie, les mouvements sociaux du continent présents à cette Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie.
Nous venons de subir la violence de l’oligarchie, qui a eu son expression la plus brutale dans le massacre de Pando, fait qui nous enseigne que détenir le pouvoir sur base de l’argent et des armes pour opprimer le peuple n’est pas soutenable. Il s’effondre facilement, s’il n’est pas basé sur la conscience du peuple et un programme.
Nous voyons que la refondation de la Bolivie affecte les intérêts mesquins de quelques familles de grands propriétaires fonciers, qui rejettent en tant qu’agression les mesures en faveur du peuple telles qu’une distribution plus équilibrée des ressources de gaz pour nos grands-pères et grands-mères, ou que la distribution de terres, les campagnes de santé et d’alphabétisation -entre autres.
Pour protéger leur pouvoir, leurs privilèges et fuir le processus de changement, les oligarchies grands propriétaires de ce qu’on appelle la Demi-Lune se réfugient dans les autonomies départementales et la division de l’unité nationale, se prêtant aux intérêts nord-américains voulant mettre un terme à la refondación de la Bolivie.
Nous venons cependant de recevoir, par le référendum révocatoire du 10 août, mandat de deux tiers des peuples boliviens pour consolider ce processus de changement, pour continuer à avancer dans la récupération de nos ressources naturelles, à assurer le Bien Vivre pour toutes les Boliviennes et Boliviens, et à unir les différents secteurs de la campagne et de la ville, de l’est et de l’ouest.
Soeurs et frères, ce qui est passé dans le référendum révocatoire en Bolivie est quelque chose d’important, non seulement pour les Boliviens mais aussi pour tous les latino-américains. Nous le dédions, en revendiquant la lutte de tous les processus de changement, à tous les révolutionnaires d’Amérique Latine et du monde.
Je suis venu exprimer la façon de récupérer l’expérience de nos peuples, appelée le Bien Vivre, récupérer notre vision sur la Mère Terre, qui pour nous est vie, parce qu’il n’est pas possible qu’un modèle capitaliste transforme la Terre Mère en marchandise. Nous voyons de plus en plus des coïncidences profondes entre le mouvement indigène et les organisations de mouvements sociaux qui parient aussi sur le Bien Vivre. Nous les saluons pour que nous puissions, de manière conjointe, chercher un certain équilibre dans le monde.
Et dans ce cadre, je veux partager et proposer à débat quelque 10 commandements pour sauver la planète, l’humanité et la vie, non seulement à ce niveau-ci mais aussi avec nos communautés, avec nos organisations.
1. Premièrement, si nous voulons sauver la planète Terre et sauver la vie et l’humanité, nous sommes dans l’obligation de mettre un terme au système capitaliste. Les effets graves du changement climatique, des crises énergétiques, alimentaires et financières, ne sont pas le produit des êtres humains en général, mais du système capitaliste en vigueur, inhumain avec son développement industriel illimité.
2. Deuxièmement : renoncer à la guerre, parce que les peuples ne gagnent rien avec les guerres, seuls les empires gagnent. Ne gagnent pas les nations mais les transnationales. Les guerres profitent à de petites familles et non aux peuples. Les milliards de milliards de millions destinés à la guerre doivent plutôt l’être pour réparer et soigner la Terre Mère qui est blessée par le changement climatique.
3. Troisième proposition pour le débat : un monde sans impérialisme ni colonialisme, où les relations doivent être orientées dans le cadre de la complémentarité et prendre en compte les asymétries profondes qui existent d’une famille à l’autre, d’un pays à l’autre, et d’un continent à l’autre.
4. Le quatrième point est orienté sur le thème de l’eau, qui doit être garantie comme droit humain et protégée de la privatisation en peu de mains. Car l’eau est vie.
5. Comme cinquième point, je veux vous dire que nous devons chercher la manière de mettre un terme au gaspillage d’énergie. Nous sommes en train d’épuiser, depuis 100 ans, l’énergie fossile créée durant des millions d’années. Comme certains présidents qui réservent des terres pour des automobiles de luxe et non pour l’être humain, nous devons mettre en œuvre des politiques pour freiner les agrocarburants et, de cette manière, éviter la faim et la misère pour nos peuples.
6. Le sixième point est celui de la Terre Mère. Le système capitaliste ramène la Mère Terre à une matière première. Or la terre ne peut être comprise comme une marchandise : qui pourrait privatiser ou louer sa mère ? Je propose que nous organisions un mouvement international de défense de la Mère Nature, pour récupérer la santé de la Terre Mère et reconstituer avec elle une vie harmonieuse et responsable.
7. Le septième point du débat est constitué par le thème central des services de base, c’est-à-dire l’eau, la lumière, l’éducation, la santé qui doivent être pris en considération comme un droit humain.
8. Comme huitième point : consommer ce qui est nécessaire, donner la priorité à ce que nous produisons et consommons localement, mettre un terme à la consommation, au gaspillage et au luxe. Nous devons donner la priorité à la production locale pour la consommation locale, en stimulant l’autosuffisance et la souveraineté des communautés dans les limites permises par la santé et les ressources limitées de la planète.
9. L’avant-dernier point est la promotion de la diversité culturelle et économique. Vivre unis en respectant nos différences, non seulement physionomiques mais aussi économiques –des économies maniées par les communautés et associations.
10. Soeurs et frères, comme dixième point, nous proposons le Bien Vivre -ne pas vivre mieux au détriment de l’autre-, un Bien Vivre basé sur l’expérience de nos peuples, sur les richesses de nos communautés, terres fertiles, eau et air propres. On parle beaucoup du socialisme, mais il faut améliorer ce socialisme du XXIe siècle en construisant un socialisme communautaire ou, simplement, le Vivre Bien, en harmonie avec la Terre Mère, en respectant les modèles d’expérience de la communauté.
Je suis finalement persuadé que vous assurez, soeurs et frères, le suivi des problèmes existants. J’en conclus qu’il y aura toujours des problèmes, mais je veux vous confirmer que je suis très heureux –et non déçu ni préoccupé par le fait que ces groupes qui ont asservi nos familles de façon permanente, pendant la colonie, la république et à l’époque du néo-libéralisme, continuent, regroupés dans quelques familles, à me résister.
Il est de notre devoir de faire face à ces groupes qui vivent dans le luxe et ne veulent pas perdre celui-ci ni perdre leurs terres. C’est une lutte historique, qui doit continuer.
Je vous réitère, soeurs et frères, mon salut fraternel, en espérant que cette Journée Continentale du III Forum Social des Amériques culmine par de forts liens d’unité entre vous tous et avec un ferme Plan d’Action en faveur du peuple de la Bolivie, en faveur de tous nos peuples.
Evo Morales Ayma, président de la République de la Bolivie
Traduit le 10 Oct 08 par Thierry PIGNOLET, Bruxelles (Belgique).
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Dans le cadre de la Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie et avec Evo Morales qui s’est déroulée le 9 octobre 2008 dans la ville du Guatemala –en activité connexe au III Forum Social des Amériques-, le président bolivien a fait parvenir le message suivant aux mouvements sociaux qui y étaient présents.
Message du Président Evo Morales à la Journée Continentale de Solidaritéavec la Bolivie, Ville du Guatemala, 9 octobre 2008.
Soeurs et frères,
Je salue, au nom du peuple de la Bolivie, les mouvements sociaux du continent présents à cette Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie.
Nous venons de subir la violence de l’oligarchie, qui a eu son expression la plus brutale dans le massacre de Pando, fait qui nous enseigne que détenir le pouvoir sur base de l’argent et des armes pour opprimer le peuple n’est pas soutenable. Il s’effondre facilement, s’il n’est pas basé sur la conscience du peuple et un programme.
Nous voyons que la refondation de la Bolivie affecte les intérêts mesquins de quelques familles de grands propriétaires fonciers, qui rejettent en tant qu’agression les mesures en faveur du peuple telles qu’une distribution plus équilibrée des ressources de gaz pour nos grands-pères et grands-mères, ou que la distribution de terres, les campagnes de santé et d’alphabétisation -entre autres.
Pour protéger leur pouvoir, leurs privilèges et fuir le processus de changement, les oligarchies grands propriétaires de ce qu’on appelle la Demi-Lune se réfugient dans les autonomies départementales et la division de l’unité nationale, se prêtant aux intérêts nord-américains voulant mettre un terme à la refondación de la Bolivie.
Nous venons cependant de recevoir, par le référendum révocatoire du 10 août, mandat de deux tiers des peuples boliviens pour consolider ce processus de changement, pour continuer à avancer dans la récupération de nos ressources naturelles, à assurer le Bien Vivre pour toutes les Boliviennes et Boliviens, et à unir les différents secteurs de la campagne et de la ville, de l’est et de l’ouest.
Soeurs et frères, ce qui est passé dans le référendum révocatoire en Bolivie est quelque chose d’important, non seulement pour les Boliviens mais aussi pour tous les latino-américains. Nous le dédions, en revendiquant la lutte de tous les processus de changement, à tous les révolutionnaires d’Amérique Latine et du monde.
Je suis venu exprimer la façon de récupérer l’expérience de nos peuples, appelée le Bien Vivre, récupérer notre vision sur la Mère Terre, qui pour nous est vie, parce qu’il n’est pas possible qu’un modèle capitaliste transforme la Terre Mère en marchandise. Nous voyons de plus en plus des coïncidences profondes entre le mouvement indigène et les organisations de mouvements sociaux qui parient aussi sur le Bien Vivre. Nous les saluons pour que nous puissions, de manière conjointe, chercher un certain équilibre dans le monde.
Et dans ce cadre, je veux partager et proposer à débat quelque 10 commandements pour sauver la planète, l’humanité et la vie, non seulement à ce niveau-ci mais aussi avec nos communautés, avec nos organisations.
1. Premièrement, si nous voulons sauver la planète Terre et sauver la vie et l’humanité, nous sommes dans l’obligation de mettre un terme au système capitaliste. Les effets graves du changement climatique, des crises énergétiques, alimentaires et financières, ne sont pas le produit des êtres humains en général, mais du système capitaliste en vigueur, inhumain avec son développement industriel illimité.
2. Deuxièmement : renoncer à la guerre, parce que les peuples ne gagnent rien avec les guerres, seuls les empires gagnent. Ne gagnent pas les nations mais les transnationales. Les guerres profitent à de petites familles et non aux peuples. Les milliards de milliards de millions destinés à la guerre doivent plutôt l’être pour réparer et soigner la Terre Mère qui est blessée par le changement climatique.
3. Troisième proposition pour le débat : un monde sans impérialisme ni colonialisme, où les relations doivent être orientées dans le cadre de la complémentarité et prendre en compte les asymétries profondes qui existent d’une famille à l’autre, d’un pays à l’autre, et d’un continent à l’autre.
4. Le quatrième point est orienté sur le thème de l’eau, qui doit être garantie comme droit humain et protégée de la privatisation en peu de mains. Car l’eau est vie.
5. Comme cinquième point, je veux vous dire que nous devons chercher la manière de mettre un terme au gaspillage d’énergie. Nous sommes en train d’épuiser, depuis 100 ans, l’énergie fossile créée durant des millions d’années. Comme certains présidents qui réservent des terres pour des automobiles de luxe et non pour l’être humain, nous devons mettre en œuvre des politiques pour freiner les agrocarburants et, de cette manière, éviter la faim et la misère pour nos peuples.
6. Le sixième point est celui de la Terre Mère. Le système capitaliste ramène la Mère Terre à une matière première. Or la terre ne peut être comprise comme une marchandise : qui pourrait privatiser ou louer sa mère ? Je propose que nous organisions un mouvement international de défense de la Mère Nature, pour récupérer la santé de la Terre Mère et reconstituer avec elle une vie harmonieuse et responsable.
7. Le septième point du débat est constitué par le thème central des services de base, c’est-à-dire l’eau, la lumière, l’éducation, la santé qui doivent être pris en considération comme un droit humain.
8. Comme huitième point : consommer ce qui est nécessaire, donner la priorité à ce que nous produisons et consommons localement, mettre un terme à la consommation, au gaspillage et au luxe. Nous devons donner la priorité à la production locale pour la consommation locale, en stimulant l’autosuffisance et la souveraineté des communautés dans les limites permises par la santé et les ressources limitées de la planète.
9. L’avant-dernier point est la promotion de la diversité culturelle et économique. Vivre unis en respectant nos différences, non seulement physionomiques mais aussi économiques –des économies maniées par les communautés et associations.
10. Soeurs et frères, comme dixième point, nous proposons le Bien Vivre -ne pas vivre mieux au détriment de l’autre-, un Bien Vivre basé sur l’expérience de nos peuples, sur les richesses de nos communautés, terres fertiles, eau et air propres. On parle beaucoup du socialisme, mais il faut améliorer ce socialisme du XXIe siècle en construisant un socialisme communautaire ou, simplement, le Vivre Bien, en harmonie avec la Terre Mère, en respectant les modèles d’expérience de la communauté.
Je suis finalement persuadé que vous assurez, soeurs et frères, le suivi des problèmes existants. J’en conclus qu’il y aura toujours des problèmes, mais je veux vous confirmer que je suis très heureux –et non déçu ni préoccupé par le fait que ces groupes qui ont asservi nos familles de façon permanente, pendant la colonie, la république et à l’époque du néo-libéralisme, continuent, regroupés dans quelques familles, à me résister.
Il est de notre devoir de faire face à ces groupes qui vivent dans le luxe et ne veulent pas perdre celui-ci ni perdre leurs terres. C’est une lutte historique, qui doit continuer.
Je vous réitère, soeurs et frères, mon salut fraternel, en espérant que cette Journée Continentale du III Forum Social des Amériques culmine par de forts liens d’unité entre vous tous et avec un ferme Plan d’Action en faveur du peuple de la Bolivie, en faveur de tous nos peuples.
Evo Morales Ayma, président de la République de la Bolivie
Traduit le 10 Oct 08 par Thierry PIGNOLET, Bruxelles (Belgique).
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Amérique du Sud
Crise financière / déclarations de Nicolas Sarkozy : le Parti communiste français propose des mesures d’urgences et des réformes de fond
Notre pays, comme le monde entier, est brutalement plongé dans une des plus graves crises économiques de son histoire. Captés par la spéculation sur les marchés financiers au lieu de s’investir dans l’économie réelle, les énormes profits réalisés par la mise en concurrence et la surexploitation des salariés du monde entier ont alimenté une gigantesque bulle financière qui est en train d’exploser. Les dégâts financiers sont déjà considérables. Aux États-Unis, 2000 milliards de dollars (20% des retraites gérées par les fonds de pension) sont partis en fumée.
Face au désastre, les grands de la terre se réunissent en urgence (G4, G7, Eurogroupe…) pour renflouer le système financier. Des sommes fabuleuses, qui se comptent en milliers de milliards de dollars, sont mobilisées par les Etats pour boucher les trous aux frais des contribuables. Mais rien n’y fait jusqu’à présent. La sphère financière s’affole et les bourses connaissent un plongeon sans équivalent.
Cette crise d’ampleur historique ne s’arrêtera pas à la sphère financière. L’immobilier, par où la crise a démarré, est déjà touché de plein fouet. Si on ne fait rien d’efficace, la crise bancaire va mettre en très grande difficulté les PME, et toute l’activité productive. Avec d’importantes conséquences sur le chômage, déjà en hausse très nette depuis l’été. L’économie mondiale est entrée en récession. Elle risque de prendre une ampleur catastrophique, affectant les salaires, l’emploi, les retraites, le logement, l’accès à la santé, les services publics. C’est la vie quotidienne de chacune et chacun d’entre nous qui est menacée.
Les mesures annoncées aujourd’hui par le Président de la République , après la réunion hier de l’Eurogroupe, la mobilisation de milliards d’euros pour sauver les banques ne s’attaquent pas aux choix et aux pratiques qui ont conduit à la catastrophe d’aujourd’hui.
Le Président de la République en appelle à « l’union nationale ». Mais il propose que cette union se fasse autour des recettes libérales qui sont à la racine même de la crise en favorisant une nouvelle fois un système irresponsable. Ces mesures sont absolument insuffisantes. Il est complètement vain de prétendre « moraliser » le capitalisme. C’est le système lui-même qui est en crise parce qu’il est obsédé par les profits, la rentabilité et l’enrichissement de quelques uns au détriment de l’intérêt général, du développement de toutes et tous, et de la préservation de la planète. Un système qui va de crise en crise : sociale, alimentaire, écologique, financière, et nourrit des tensions et des conflits de plus en plus graves.
Dans la très grave situation où nous sommes, le Parti communiste appelle les citoyennes et les citoyens, les militants syndicalistes et associatifs à se mobiliser sous toutes les formes possibles. Il appelle les économistes de gauche qui veulent contribuer à ce mouvement à travailler ensemble pour faire émerger des propositions fortes et convergentes. Il appelle les personnalités et les forces politiques de gauche à se rassembler d’urgence pour porter ensemble un plan de mesures efficaces pour stopper et sortir de la crise. Et dessiner ainsi une alternative politique de gauche forte et audible.
Dans les jours qui viennent, il organisera mille rencontres dans tous le pays afin de débattre avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent des véritables solutions à la crise. Dès aujourd’hui, il lance une pétition visant à soutenir cette démarche et de premières propositions :
Mesures d’urgence
1. Il faut des mesures efficaces et justes pour sauver le système de crédit, vital pour notre économie. Mais en prenant des garanties contraignantes à l’égard des spéculateurs qui sont responsables de cette crise.
- Pas d’argent public sans pouvoir de gestion. S’il doit venir au secours d’un établissement financier , comme Dexia, l’Etat doit pouvoir contrôler sa stratégie et sa gestion. Et quand il l’estime justifié, compenser l’aide apportée par une nationalisation durable de ses actifs sains, contribuant ainsi à la constitution d’un grand pôle financier public.
- Organiser et exiger la transparence absolue du système bancaire. L’argent et la monnaie sont des biens communs, nécessaire à tous. Ils doivent être maîtrisés par tous les citoyens
- Suppression du boulier fiscal pour les plus riches.
- Refus de toutes nouvelles privatisations, à commencer par celle de La Poste , qu’il faut stopper de toute urgence.
- Plan de développement et de modernisation des services public
- Augmentation des salaires et des pensions
2. On trouve des centaines de milliards pour sauver le système financier. Un effort équivalent peut et doit être fait pour les simples gens dont l’activité et la consommation sont le cœur vital de l’économie. Il faut pour cela des mesures d’urgences permettant de rétablir vraiment la confiance en protégeant les salariés et les familles.
- Garantie absolue des dépôts bancaires des petits et moyens épargnants : cette mesure doit être prise dans toute l’union européenne dès le Conseil du 15 octobre.
- Garantie des rémunérations en cas de licenciement
- Garantie du logement, interdisant les expulsions, y compris pour les accédants touchés par la crise des crédits relais.
Des réformes de fond pour s’attaquer à la logique folle du capitalisme
1. Réorienter l’argent vers l’économie réelle. Nous proposons de réunir immédiatement un Grenelle du développement, avec tous les acteurs sociaux et économiques, pour décider des moyens de réorienter l’argent vers les salaires et le pouvoir d’achat, l’emploi et la formation, l’investissement, la santé, l’éducation et la recherche et toutes les dépenses socialement utiles.
2. Créer un grand pôle public du crédit. Autour de la banque des Dépôts et Consignations, des Caisses d’épargne, des banques mutualistes, de l’Oséo, de la banque postale, et les banques privées qui seraient renationalisées, ce pôle public doit avoir pour mission devrait impulser une politique de crédit favorisant l’investissement utile, et pénalisant lourdement les crédits à visée spéculative.
3. Contrôler les mouvements de capitaux. Il faut revenir sur l’aberrante liberté de circulation des capitaux qui alimente l’incendie financier. Dans le même sens, il faut engager une lutte acharnée contre les paradis fiscaux, dont l’existence, au sein même de l’Europe, permet à des capitaux considérables d’échapper à tout contrôle.
4. Aller vers un nouveau traité fondateur de l’Union européenne. La banque centrale européenne, aujourd’hui esclave des marchés financiers, doit être mise au service du développement de l’industrie et des services. En remettant en cause son « indépendance » à l’égard des pouvoirs politiques. Mais aussi en allant vers un nouveau traité mettant fin au pacte de stabilité, au dogme de la « concurrence libre et non faussée, et au choix du dumping social et fiscal.
5. Mettre le poids de la France et de l’Europe au service d’une refonte des institutions internationales à vocation économique et financière. Ayant pour but de favoriser un co-développement durable de tous les peuples, cette refonte doit s’accompagner de la création d’une monnaie commune mondiale mettant fin à l’hégémonie désastreuse du dollar.
Relevé de décision du Comité Exécutif National
Parti communiste français
Paris, le 13 octobre 2007.
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Face au désastre, les grands de la terre se réunissent en urgence (G4, G7, Eurogroupe…) pour renflouer le système financier. Des sommes fabuleuses, qui se comptent en milliers de milliards de dollars, sont mobilisées par les Etats pour boucher les trous aux frais des contribuables. Mais rien n’y fait jusqu’à présent. La sphère financière s’affole et les bourses connaissent un plongeon sans équivalent.
Cette crise d’ampleur historique ne s’arrêtera pas à la sphère financière. L’immobilier, par où la crise a démarré, est déjà touché de plein fouet. Si on ne fait rien d’efficace, la crise bancaire va mettre en très grande difficulté les PME, et toute l’activité productive. Avec d’importantes conséquences sur le chômage, déjà en hausse très nette depuis l’été. L’économie mondiale est entrée en récession. Elle risque de prendre une ampleur catastrophique, affectant les salaires, l’emploi, les retraites, le logement, l’accès à la santé, les services publics. C’est la vie quotidienne de chacune et chacun d’entre nous qui est menacée.
Les mesures annoncées aujourd’hui par le Président de la République , après la réunion hier de l’Eurogroupe, la mobilisation de milliards d’euros pour sauver les banques ne s’attaquent pas aux choix et aux pratiques qui ont conduit à la catastrophe d’aujourd’hui.
Le Président de la République en appelle à « l’union nationale ». Mais il propose que cette union se fasse autour des recettes libérales qui sont à la racine même de la crise en favorisant une nouvelle fois un système irresponsable. Ces mesures sont absolument insuffisantes. Il est complètement vain de prétendre « moraliser » le capitalisme. C’est le système lui-même qui est en crise parce qu’il est obsédé par les profits, la rentabilité et l’enrichissement de quelques uns au détriment de l’intérêt général, du développement de toutes et tous, et de la préservation de la planète. Un système qui va de crise en crise : sociale, alimentaire, écologique, financière, et nourrit des tensions et des conflits de plus en plus graves.
Dans la très grave situation où nous sommes, le Parti communiste appelle les citoyennes et les citoyens, les militants syndicalistes et associatifs à se mobiliser sous toutes les formes possibles. Il appelle les économistes de gauche qui veulent contribuer à ce mouvement à travailler ensemble pour faire émerger des propositions fortes et convergentes. Il appelle les personnalités et les forces politiques de gauche à se rassembler d’urgence pour porter ensemble un plan de mesures efficaces pour stopper et sortir de la crise. Et dessiner ainsi une alternative politique de gauche forte et audible.
Dans les jours qui viennent, il organisera mille rencontres dans tous le pays afin de débattre avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent des véritables solutions à la crise. Dès aujourd’hui, il lance une pétition visant à soutenir cette démarche et de premières propositions :
Mesures d’urgence
1. Il faut des mesures efficaces et justes pour sauver le système de crédit, vital pour notre économie. Mais en prenant des garanties contraignantes à l’égard des spéculateurs qui sont responsables de cette crise.
- Pas d’argent public sans pouvoir de gestion. S’il doit venir au secours d’un établissement financier , comme Dexia, l’Etat doit pouvoir contrôler sa stratégie et sa gestion. Et quand il l’estime justifié, compenser l’aide apportée par une nationalisation durable de ses actifs sains, contribuant ainsi à la constitution d’un grand pôle financier public.
- Organiser et exiger la transparence absolue du système bancaire. L’argent et la monnaie sont des biens communs, nécessaire à tous. Ils doivent être maîtrisés par tous les citoyens
- Suppression du boulier fiscal pour les plus riches.
- Refus de toutes nouvelles privatisations, à commencer par celle de La Poste , qu’il faut stopper de toute urgence.
- Plan de développement et de modernisation des services public
- Augmentation des salaires et des pensions
2. On trouve des centaines de milliards pour sauver le système financier. Un effort équivalent peut et doit être fait pour les simples gens dont l’activité et la consommation sont le cœur vital de l’économie. Il faut pour cela des mesures d’urgences permettant de rétablir vraiment la confiance en protégeant les salariés et les familles.
- Garantie absolue des dépôts bancaires des petits et moyens épargnants : cette mesure doit être prise dans toute l’union européenne dès le Conseil du 15 octobre.
- Garantie des rémunérations en cas de licenciement
- Garantie du logement, interdisant les expulsions, y compris pour les accédants touchés par la crise des crédits relais.
Des réformes de fond pour s’attaquer à la logique folle du capitalisme
1. Réorienter l’argent vers l’économie réelle. Nous proposons de réunir immédiatement un Grenelle du développement, avec tous les acteurs sociaux et économiques, pour décider des moyens de réorienter l’argent vers les salaires et le pouvoir d’achat, l’emploi et la formation, l’investissement, la santé, l’éducation et la recherche et toutes les dépenses socialement utiles.
2. Créer un grand pôle public du crédit. Autour de la banque des Dépôts et Consignations, des Caisses d’épargne, des banques mutualistes, de l’Oséo, de la banque postale, et les banques privées qui seraient renationalisées, ce pôle public doit avoir pour mission devrait impulser une politique de crédit favorisant l’investissement utile, et pénalisant lourdement les crédits à visée spéculative.
3. Contrôler les mouvements de capitaux. Il faut revenir sur l’aberrante liberté de circulation des capitaux qui alimente l’incendie financier. Dans le même sens, il faut engager une lutte acharnée contre les paradis fiscaux, dont l’existence, au sein même de l’Europe, permet à des capitaux considérables d’échapper à tout contrôle.
4. Aller vers un nouveau traité fondateur de l’Union européenne. La banque centrale européenne, aujourd’hui esclave des marchés financiers, doit être mise au service du développement de l’industrie et des services. En remettant en cause son « indépendance » à l’égard des pouvoirs politiques. Mais aussi en allant vers un nouveau traité mettant fin au pacte de stabilité, au dogme de la « concurrence libre et non faussée, et au choix du dumping social et fiscal.
5. Mettre le poids de la France et de l’Europe au service d’une refonte des institutions internationales à vocation économique et financière. Ayant pour but de favoriser un co-développement durable de tous les peuples, cette refonte doit s’accompagner de la création d’une monnaie commune mondiale mettant fin à l’hégémonie désastreuse du dollar.
Relevé de décision du Comité Exécutif National
Parti communiste français
Paris, le 13 octobre 2007.
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