lundi 26 janvier 2009

Aménagement du plateau de Saclay

Les citoyens et les acteurs du territoire ont leur mot à dire

Sans concertation ni débat public, le secrétaire d’Etat à la « Région Capitale », Christian Blanc, a présenté au chef de l’Etat le 6 novembre son projet d’aménagement du plateau de Saclay. Le but affiché : créer en 20 ans un pôle technologique et scientifique de rang mondial. Ce projet s’étend sur les départements de l’Essonne et des Yvelines. Il concerne 27 communes dont Palaiseau, Saclay, Satory, le parc d’activité de Courtaboeuf et un secteur de Massy.

UN IMPACT IMPORTANT SUR NOTRE TERRITOIRE

Le projet vise à concentrer des ressources scientifiques et industrielles sur un même territoire. Il s’accompagne d’un régime d’Opération d’Intérêt National (O.I.N.) qui confère à l’Etat des pouvoirs spéciaux : il contrôle les autorisations de construire et ses choix d’aménagement s’imposent au droit des sols des collectivités locales. L’OIN prévoit par exemple de ne préserver que 1 800 ha de terres agricoles et d’espaces naturels. Les 2 300 hectares « d’activités agricoles utiles» inscrits au projet de SDRIF (schéma directeur régional d’Ile de France voté le 26 septembre 2008) voulus par les associations locales et votés par les élu-e-s de la CAPS (communauté d’agglomération du plateau de Saclay) sont bradés. Et malgré cette consommation d’espace, l’Etat ne parle que de « développer une offre compétitive en matière de logements pour les emplois liés au cluster » : 25000 chercheurs, ingénieurs et étudiants (sur un total de 35000 nouveaux habitants). Pour créer un « ghetto » scientifique ? Rien de concret afin de répondre au besoin de logements pour tous. Côté transport, au milieu des annonces, le projet d’un métro souterrain automatique depuis l’aéroport d’Orly à Versailles via le plateau de Saclay, a de quoi inquiéter : une dépense de 80 millions d’euros par kilomètre avec un itinéraire passant sous les étangs de Saclay…

L’EMPLOI ET LA RECHERCHE AU SERVICE DE LA SEULE ECONOMIE DE MARCHE

Le mot magique du projet est « cluster » : mettre en réseau sur un seul site des entreprises, des centres de formation et des laboratoires de recherche publics et privés afi n de développer des projets au fort potentiel d’innovation. Le projet de C. Blanc nous promet déjà « croissance, emploi, compétitivité, développement durable, santé, qualité de vie, lutte contre la pauvreté » …la réalité est toute autre.

QUI DECIDE ET QUI PAIE ?

Selon Christian Blanc, le coût global de ce projet se situe entre 2,5 et 3 milliards d’euros. Mais pas une seule ligne ne répond à la question du financement. Or qui dit nouveaux habitants dit logements, écoles, voiries, crèches, etc. Qui va payer l’addition ?
Les collectivités locales ? C’est encore un effort financier supplémentaire qui leur serait demandé alors que déjà l’Etat se désengage financièrement de toutes ses obligations en matière de services publics.
Le privé ? La panacée annoncée des Partenariat Public Privé (PPP) est un vaste chantier de réorganisation du financement public en France : le privé assure la construction du bâtiment et sa maintenance, le public paye un loyer pendant 20 à 30 ans … loyer rentable puisque calculé par ce même privé. A l’arrivée en fi n de contrat, le public devient propriétaire d’un bien vétuste.

La logique n’est pas du tout celle de la coopération pour le progrès de l’emploi, des qualifications et des salaires. C’est celle de la mise en concurrence des territoires entre eux : les mobiliser pour servir les exigences de compétitivité des grands groupes économiques et leurs objectifs de rentabilité financière. Le projet parle d’un apport de 40.000 emplois d’ici 2020, sans garantie aucune.

Il ne décrit pas les transferts d’entreprises et de centres de recherche sur le plateau : rien ne garantit que l’emploi dans la recherche industrielle soit renforcé. De trop nombreux exemples montrent que les grands groupes privés se servent de ces transferts pour réduire l’emploi Recherche et Développement (Thalès, Danone). De plus, la recherche publique est mise au service de ces mêmes groupes. Le plan de C. Blanc parle d’excellence des sciences pour préciser aussitôt qu’elle devra être « utilisée pour nourrir des thématiques plus orientées vers le marché ». Cette stratégie de concentration d’établissements, au détriment d’autres territoires, aggravera encore les déséquilibres existants au niveau de la région Ile de France.

Une gouvernance démocratique pour élaborer et décider
  • Un débat public sur l’articulation entre le projet du Plateau et les réformes en cours de l’enseignement supérieur et de la recherche
  • Une concertation organisée avec les instances des établissements d’enseignement supérieur et des grands organismes publics de recherche et un diagnostic sur les bâtiments de la fac d’Orsay
  • La structure de pilotage de l’OIN ouverte aux acteurs sociaux de terrain : représentants des comités d’entreprise, syndicats de salariés, mouvement associatif
  • Une concertation sérieuse avec tous les élus des collectivités territoriales concernées
Des moyens pour répondre aux besoins de la population
  • Du renouvellement urbain dans les vallées avant toute diminution du poumon que représente le plateau de Saclay
  • L’engagement financier de l’Etat d’aider les collectivités à atteindre l’objectif de 30% de logements sociaux
  • Un réseau public de transport rénové tirant parti des innovations technologiques avec:
    - L’amélioration significative des lignes B et C du RER
    - La réorganisation du réseau de bus
    - Le développement de liaisons douces de qualité
    - La promotion de l’emploi durable
  • Le développement de l’emploi scientifique et technique pérenne au niveau des organismes publics qui sont les moteurs pour la recherche et l’enseignement supérieur en France tels le CNRS, le CEA, l’INRA et l’université Paris XI
  • Une commission de contrôle des fonds publics versés aux entreprises, qui mesure leur efficacité pour l’emploi et la formation
  • Une fiscalité incitative pour la recherche privée créatrice d’emploi.
  • Aider les PME avec la création d’un Fonds régional pour l’emploi et la formation (FREF) pour prendre en charge une partie des intérêts versés aux banques sur des crédits à long terme pour les investissements productifs.

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