jeudi 20 novembre 2008

Les vrais enjeux du projet gouvernemental d’Opération d’Intérêt National (OIN) du Plateau de Saclay (contribution Roger F.)

Le Conseil des Ministres du 12 novembre a donné lieu à un communiqué concernant le projet d’aménagement du Plateau de Saclay. Le projet présenté par Christian Blanc, secrétaire d’état chargé du développement de la région capitale, prévoit la mise en place d’un établissement public dont la gouvernance sera partagée entre l’Etat, les collectivités territoriales, la communauté scientifique et les entreprises, avec un exécutif désigné par l’Etat. Cet établissement est d’un type nouveau et met directement en cause les EPST comme le CNRS et les EPIC comme le CEA, nous y reviendrons. L’objectif est affirmé d’emblée dans un sous-titre: « Potentiel scientifique et technologique du Plateau de Saclay. Une excellence à mettre au service de la croissance économique ». S’il apparaît à première vue légitime que le potentiel du plateau de Saclay favorise aussi la croissance économique, il est symptomatique que cette « mise au service » soit exclusivement économique, et que les notions de progrès culturel et social –pourtant inscrits dans les missions du CNRS et de l’Université—soient évacuées des missions assignées à l’O.I.N. Il est de surcroît clair que le « progrès économique » visé est celui du profit industriel privé, tant il est vrai qu’aucune mission de service public n’est mentionnée dans le projet.

Le projet initial d’OIN du Plateau de Saclay a ainsi été revu, contracté (par exemple en matière de constructions de nouveaux logements) et resserré autour de son objectif central : réaliser « un pôle scientifique et technologique » à «vocation mondiale». Ce pôle s’appuie sur une zone qui regroupe déjà la plus puissante concentration de personnels et de moyens de la recherche publique française, avec l’énorme atout d’un territoire qui comporte encore une grande réserve foncière sous forme de terres agricoles. Les commentaires autour du projet d’OIN se sont souvent centrés sur les questions d’aménagement du territoire (préservation des terres agricoles etc…). Cet aspect est certes important, mais il n’est que l’un des éléments à considérer. Le fond de l’affaire (dont tout découle, y compris les modalités d’implantation envisagées) est de réaliser le prototype et l’archétype français d’une conception ultralibérale de la science et de l’enseignement supérieur et de leurs relations avec le secteur privé. Avec ce cocktail très particulier au Sarkozysme qui marie la stratégie du capitalisme des catastrophes (décrite par Naomi Klein dans son livre « La stratégie du choc ») – désarçonner toute opposition par l’accumulation d’un déluge de mesures rapides et brutales avec un calendrier ultra-serré – au bonapartisme, le puissant appareil de l’Etat étant requis pour imposer un projet sans passer par l’étape indispensable d’une large concertation avec la population. Actuellement, Christian Blanc fait la tournée des popotes auprès des responsables, des associations et des élus. Il s’agit de convaincre, de persuader que ceux qui ne monteront pas dans le train auront tout à perdre, de faire quelques concessions sur les hectares de terres agricoles, de mettre en avant telle ou telle retombée. Il s’agit en fait de lisser les objections et surtout, surtout d’empêcher les convergences contre le projet, pour l’imposer à marche forcée puisque que le Conseil des ministres devrait en faire l’examen en Janvier 2009 suivi d’un passage à l’Assemblée nationale au printemps. De plus, il ne faut pas sous-estimer que le projet de Christian Blanc comporte des aspects séducteurs… si l’on oublie le contexte. Il est vrai que peu a été fait par les gouvernements précédents pour faire en sorte qu’un potentiel, certes riche, puisse se déployer plus complètement. Cela va du dualisme Universités-Grandes Ecoles au sous-financement chronique de la rénovation et de l’entretien du campus de l’Université Paris-Sud, en passant par la multiplicité des tutelles et des régimes des établissements du Plateau et l’invraisemblable empilement des niveaux de décision et la multiplicité des sources de financement qui dévore le temps des responsables d’établissements, de labos et d’équipes. Ces vices ont été portés à leur paroxysme depuis ces dernières années par le tartinage de nouvelles couches de structures et la généralisation des financements contractuels qui mobilise et fragmente la quête de l’argent jusqu’au niveau individuel. Mais le ras-le-bol et la lassitude ne sauraient justifier de laisser mettre en place une tabula rasa ultralibérale.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le projet de Christian Blanc est un grand exercice de travaux pratiques avec des linéaments idéologiques assez aisés à identifier. Principale clé de lecture : la science est de plus en plus un facteur-clé de la production, une source nouvelle et pérenne de profits, en fait la source directe ou indirecte d’une grande partie des plus-values à venir. Mais cette recherche est coûteuse, et la France est dans le peloton de queue pour l’effort en recherche industrielle. Alors, il s’agit de réorienter l’activité du dispositif public de recherche fondamentale vers les secteurs susceptibles de donner rapidement manière à profit et de faire en sorte de connecter plus directement la meilleure recherche avec les grands groupes. L’appareillage nécessaire a été mis en place depuis 2005, et la région de l’OIN du Plateau de Saclay est sans doute la mieux dotée de France à cet égard. National + régional + local : rien ne manque au tableau.

Il y a les pôles de compétitivité. Des structures industrie-recherche pilotées par des ‘industriels’ : dans le Triangle sud de l’OIN, deux pôles mondiaux SYSTEM@TIC Paris Région (systèmes complexes ; Thalès, Dassault, EADS, …) et MEDICEN (santé ; Génopôle, Aventis, …), chacun ramifié en plusieurs branches, qui ont un ancrage lourd dans le territoire concerné. Et puis, près de Satory (et aussi en Haute et Basse Normandie), un pôle à vocation mondiale, MOVEO, autour des équipements automobiles et des transports collectifs. La proximité géographique de l’Université et des Grandes Ecoles pourrait être un atout important pour enclencher la réforme majeure qui consisterait à intégrer graduellement les écoles d’ingénieurs à l’Université pour donner à ces derniers une culture de recherche. Mais de cela, le projet d’OIN n’a cure : ce qui importe c’est d’offrir sur place aux laboratoires industriels privés le meilleur accès à la fois à la recherche publique et à la main d’œuvre qualifiée, voire d’élite, drainée dans les Ecoles.

Il y a les structures autocratiques qui graduellement confisquent les sources de l’argent et le pouvoir, en contournant le CNRS jugé trop démocratique: l’ANR, qui agit au niveau le plus profond, celui du pilotage thématique par la distribution de financements personnalisés, hors infrastructures communes, hors contrôle de structures élues, qui permet aussi de payer une masse de personnels précaires ; des établissements publics à gouvernance partagée entre privé et public ; des fondations ; des réseaux thématiques de recherche avancée, ou RTRA (DIGITEO, Triangle de la Physique) qui associent des chercheurs des organismes et des universitaires et distribuent du financement, mais sont hors de ces organismes. Puisque le système est basé sur la compétition darwinienne (baptisée « qualité », refrain familier), le système d’évaluation est un élément fondamental. C’est le rôle de l’AERES, avec des experts tous nommés. Les organismes nationaux de recherche (CEA, CNRS …) produisaient seuls ou en association l’essentiel de ce qui constitue la qualité et la productivité de la science française. Mais ces héritiers de l’après-guerre où les communistes ont joué un rôle crucial (après tout, c’est Joliot-Curie qui a impulsé le cap vers le sud de Paris) doivent être remis en cause dans leurs rôles les plus essentiels: recherche fondamentale pluridisciplinaire associant sciences dures et sciences de l’homme (CNRS), recherche appliquée appuyée sur une véritable recherche fondamentale au service de grands objectifs nationaux (CEA) ; maintien et coordination d’un front continu de la connaissance, veille scientifique ; évaluation, prospection, programmation. Ces organismes sont asphyxiés financièrement et leurs prérogatives sont méthodiquement détournées ou purement et simplement abandonnées. Même le projet de découpage en Instituts du CNRS est maintenant dépassé par des projets plus extrêmes. Lisez donc le rapport de l’AERES sur la réorganisation de la recherche en sciences de la vie et de la santé ( http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=1367), rendu public le 13 novembre. Il propose explicitement la création d’un "Institut National des Sciences de la Vie et de la Santé", rassemblant l’ensemble des financements actuellement répartis entre les organismes et les agences (notamment l’ANR) et complètement séparé des structures exécutant la recherche. Du coup, exit le département (pardon, l’Institut) Sciences de la Vie du CNRS. Du côté des universités, on met en place depuis 2007 l’ « autonomie », au nom de laquelle les Universités, étranglées de longue date par des subventions indigentes et laissées à l’abandon par les politiques successives, sont sommées de se trouver elles-mêmes leur financement. Les (grandes) Grandes Ecoles sont intouchées, voire renforcées, avec ainsi la pérennisation d’un système dual de formation propre à la France et dont les graves inconvénients sont pourtant bien connus. L’emploi scientifique est mis en cause, avec la croissance explosive de l’emploi précaire. Le rapport de l’AERES cité quelques lignes plus haut « exprime son inquiétude devant la précocité des titularisations des chercheurs français » (sic). C’est l’antienne de l’insécurité comme clé de la créativité, la stabilité de l’emploi étant conditionnée à l’évolution du facteur H personnel et à la production dans les délais des « milestones » et autres « deliverables » affichés dans les projets de contrats. Enfin, finie la recherche fondamentale comme facteur de connaissance du monde et comme élément fort de la culture : la science, la production intellectuelle et « l’immatériel » sont des marchandises.

Autre aspect majeur du projet de C. Blanc, le dogme de la proximité, du cluster (grappe, en français). Pour faire percoler science, industrie et formation, il faut entasser dans un périmètre restreint labos, université, grandes écoles et entreprises. Le projet comporte ainsi le déplacement ou la déportation d’établissements existants hors de leur tissu d’origine. Favoriser le neuf au lieu de la rénovation. Toujours la tabula rasa, avec au passage un processus de destruction-recomposition piloté par la création de « campus thématiques ». Concernant la proximité, on peut faire quelques remarques. Les exemples mythiques, Silicon Valley entre autres, s’étendent sur des dizaines voire des centaines de kms. Se focaliser sur la proximité, c’est oublier la complexité des réseaux d’échange et de coopération qui traversent le tissu scientifique et structurent ses relations avec le secteur des applications. En fait, avec Internet, tout ce qui est à plus de 30 mètres d’une cafétéria commune est quasiment à l’infini. Le cluster va scintiller dans la nuit ? On va être dans le top-ten du classement de l’université de Shanghai ?? Et alors ? Pour quel bénéfice réel et non le Bling, Bling ? Qui a imposé ce classement arbitraire si peu adapté à la France et à son système distribué d’enseignement supérieur (…dont la qualité transparaît malgré tout, comme l’Allemagne, au travers non pas des 20 premières, mais des 500 premières universités : alors, si on rapporte les résultats à sa population, la France est tout de même 5ème, devant le Japon !).

La plus grosse opération de destruction/recomposition pourrait concerner le centre universitaire d’Orsay (ce projet ne figurait pas dans le rapport Lagayette, lequel a depuis démissionné) (cf http://www.idf.pref.gouv.fr/dossiers/oin.htm). Le 13 octobre : réunion à Orsay en formation plénière des trois conseils de l’Université Paris XI avec comme ordre du jour l’adoption des propositions à remettre au ministère traçant l’avenir de l’Université pour les quatre années à venir. 17 octobre : parution dans le ‘Parisien’ d’un article mentionnant les propos de Christian Blanc, déclarant que le déménagement de l’Université sur le plateau de Saclay est plus qu’une hypothèse alors que cette question, décisive pour l’Université, n’a jamais été soumise à la discussion des instances universitaires. En fait, le campus est un ensemble qui s’est construit sur un demi-siècle, et qui est un fleuron de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Il a su essaimer depuis longtemps sur divers lieux du Plateau de Saclay. Une chose est le déménagement planifié de longue date de certaines unités de recherche avec l’accord des personnels, autre chose, et avec une autre signification, serait le déménagement complet ou par morceaux choisis du centre universitaire. La tradition d’Orsay est celle du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche : la qualité et l’accessibilité de l’enseignement et l’excellence de la recherche. Tout projet doit être d’abord mesuré à cette aune et en concertation avec tous les intéressés : enseignants, chercheurs et étudiants. Ils sont pourtant ouverts, et l’ont signifié, aux projets d’avenir qui correspondraient à un développement concerté du campus et de la région. Ce n’est malheureusement pas le cas de ce qui se trame en dehors d’eux et avec une pression et une précipitation absolument inadmissibles. Les choses vont si vite que les informations contenues dans le présent document pourraient bien être périmées au moment de leur diffusion !

Le projet de Christian Blanc est donc clair. Devant des problèmes d’une très grande importance, il propose - ou plutôt tente d’imposer - une certaine vision. Le financement prouvé n’est qu’une très petite fraction de ce qui serait requis, sauf à supputer une irrigation massive par le privé et les collectivités. Les budgets nécessaires à la réalisation de l’OIN seront-ils prélevés sur un budget de recherche et d’enseignement supérieur en stagnation ? Les moyens d’une recherche fondamentale libérée de toute obligation d’application seront-ils garantis ? La coopération entre laboratoires publics et recherche industrielle sera-t-elle fondée sur l’avantage mutuel, ou sur la subordination ?

Bref, c’est un défi qui est posé aux scientifiques, aux étudiants, à la population, aux élus. Nous pensons que l’OIN du Plateau de Saclay doit être saisie dans toutes ses dimensions, dont les surfaces agricoles ne sont, répétons le, qu’un aspect. Nous attirons l’attention sur le danger d’un consensus politique mou qui consisterait à accepter le projet actuel avec quelques concessions secondaires. Ce qui se passe à l’heure actuelle nous donne en fait à cet égard de très vives inquiétudes. Les communistes du campus d’Orsay demandent un ajournement du projet, la mise en place du temps et des modalités d’un débat public, et nous nous associons à tous ceux qui souhaitent des Assises sur la question.

Alors que le Japon et les Etats-Unis (c’est dans la feuille de route d’Obama) et bien d’autres intensifient leur soutien à la recherche fondamentale, alors que de nouveaux acteurs montent en puissance (Chine, Inde…), il est grand temps que la France revienne à des fondamentaux : un soutien financier public et (encore plus) privé beaucoup plus fort de la recherche, une recherche fondamentale forte et indépendante couvrant les principaux champs du savoir, une recherche appliquée à développer et structurer, une fécondation de la recherche industrielle par la reconnaissance de la thèse dans les conventions sociales, un rapprochement réel du système des grandes écoles et des universités, des emplois stables avec un statut et des perspectives pour les personnels et les post-docs, une véritable débureaucratisation restituant enfin toute leur responsabilité à ceux qui ont la charge des établissements et des laboratoires et plus généralement à tous les acteurs de la recherche, un renforcement des coopérations au lieu de la compétition pour la survie qui est en passe de transformer tout le système de recherche en radeau de la Méduse, un lien plus fort science-société nourri par plus de démocratie et un enseignement rénové… Ce ne sont là que quelques pistes, mais qu’il est urgent d’approfondir devant une politique qui non seulement ne règle aucun des problèmes récurrents du système de recherche et d’enseignement supérieur français, mais qui est capable de ronger en quelques années tout le système et de piller les bijoux de la couronne, poules aux œufs d’or qui n’auront pas de descendance.

Comment pourrait-on laisser faire une chose pareille?


Le campus universitaire d’Orsay, 50 années d’histoire et une communauté en quelques chiffres : 236 ha dont 160 ha de Jardin Botanique Universitaire classé, 23 km de voirie, 102 bâtiments totalisant 345 000 m2 de surface dont 175 000 m2 consacrés aux laboratoires de recherche ; des stations de métro aux deux bouts du campus. 9 500 étudiants, 1 500 enseignants et chercheurs, 1 650 personnels administratifs et techniciens ainsi que 1 500 thésards. La formation et la recherche couvrent les champs de la biologie, la chimie, l'informatique, les mathématiques, la physique et les sciences de la Terre et de l'Univers. 35 instituts et laboratoires de recherche. Une recherche de très haut niveau, dont les lauréats Field et Nobel ne constituent que la pointe de l’iceberg, mais aussi une activité de formation remarquable, des jeunes étudiants aux doctorants.

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mercredi 19 novembre 2008

Quel parti pour quelle visée communiste ? (contribution Annick J.)

Paradoxalement, c’est au moment où le vote des membres du parti semble avoir tranché la question du maintien d’un parti communiste, que le débat sur cette question est en plein développement.

En fait, ce n’est pas vraiment étonnant, dans la mesure où aucun des textes en présence ne proposait cette alternative. Personnellement, je regrette que ceux qui sont accusés, à tort ou à raison de vouloir dissoudre le parti n’aient pas jugé utile de soumettre un texte aux votes des militants, ce qui aurait pu contribuer à clarifier les positions des uns et des autres.

D’autre part, si des forces existent au sein du parti qui proposeraient cette dissolution, ce n’est à mon avis pas si clair dans les textes qu’ils produisent, pour ce dont j’ai pu prendre connaissance.

Que ce soit la contribution de Jean-Claude Gayssot paru dans l’huma, ou dans le texte publié récemment par des membres de la direction du parti, dont Elizabeth Gauhier, François Auguste, Patrice Cohen-Séat, etc, je ne suis pas sure d’avoir vu énoncé clairement dans ces textes la proposition de dissoudre le parti à travers la création d’un mouvement beaucoup plus large. L’affirmation de la nécessité d’une transformation du parti et de l’ouverture à des mouvements de luttes et des formes de militantisme participant des cultures politiques différentes ne renvoie pas me semble-t-il à la création d’une nouvelle force politique où le parti communisme se diluerait. Il n’en reste pas moins que dans l’esprit de tous, la question de savoir s’il faut ou non garder un parti communiste est au cœur d’un débat important.

Pour moi, disons d’emblée que la question de la nécessité de maintenir le PCF n’est pas une question taboue ; disons aussi qu’elle ne relève pas, et loin s’en faut, de la volonté politique des militants. Le PCF peut tout aussi bien mourir indépendamment de notre volonté politique de le maintenir en vie, et on peut même craindre qu’il ne soit en bonne voie.

La question de la nécessité du parti me paraît subordonnée à la question de la visée communiste. C’est la perspective d’une telle visée qui pose la question du type d’organisation nécessaire pour avancée vers sa réalisation.

Nous devons donc d’abord nous interroger sur ce que c’est cette visée communiste, comment la différentier de ce qui s’est mis en œuvre dans les pays dits socialistes (expériences dont il reste à mon avis, au delà de la condamnation, à analyser pleinement les causes) et si nous souhaitons maintenir la visée communiste comme un horizon de luttes.

Donc partir de ce que serait la visée communiste et commencer par mieux la définir :

Pour Lucien Sève, Marx conçoit le communisme comme le mouvement réel qui dépasse l’état des choses existant. Je suivrais également Patrick Tort pour mettre au cœur de la visée communiste l’idée-force de la réalisation de l’égalité, la suppression de l’aliénation de l’homme à travers la remise en cause radicale des rapports de domination économiques et politiques qui caractérisent le capitalisme. Ce qui pose la question de la démocratie comme outil et comme fin de la transformation sociale. Et celle du contenu que nous donnons à cette démocratie.

Donc la question de la nécessité d’un parti communiste est liée à la question de savoir s’il existe en France des forces se plaçant dans cette visée communiste. Si une autre force politique existait qui se place dans cette perspective de manière potentiellement ou réellement plus efficace que notre parti, alors ceux qui se réclament de la visée communiste doivent se poser la question d’y adhérer. Si elle n’existe pas, il faut la construire et se poser la question de savoir si c’est à travers une transformation du parti ou en construisant une nouvelle organisation. L’existence de notre parti n’a de sens que s’il se place explicitement dans la visée communiste, mais également s’il se donne les moyens d’être l’outil le plus efficace au service de cette visée. Pour moi, c’est ainsi que je m’interroge sur la nécessité ou non de conserver le parti.

Or force est de constater qu’il y a une certaine vérité dans la formule de Jean-Claude Gayssot. : sortir de l’insignifiance, ou de la préoccupation d’un texte de Janine Guespin qui constate la « détérioration progressive et jusqu’à présent inexorable de l’influence du PCF dans la vie politique française ».

Je ne crois pas que la solution pour sortir de cette situation soit un repli identitaire, surtout construit sur la base d’un discours incapable d’analyser et de prendre en compte les transformations du monde et de la société autour de nous.

Ainsi il est urgent de revisiter un certain nombre de fondamentaux marxistes, non pour les abandonner, mais pour leur redonner un contenu concret dans les conditions actuelles des sociétés contemporaines, faire l’analyse concrète de situations concrètes pour reprendre la formulation de Lénine.

Commençons par la notion de classe :

Comment caractériser les classes sociales aujourd'hui?

Quelle serait la 'classe' révolutionnaire? La classe ouvrière? Comment celle-ci s’est transformée? A la fois économiquement et dans la conscience qu’elle a d’elle-même. Ou plutôt le prolétariat ? Qui serait défini comment ? Ou faut-il plutôt parlé d’affrontements capital/travail. On a alors la classe des travailleurs (salariés essentiellement) et celle des détenteurs du capital, la confrontation étant entre travail et capital.

Mais alors il faut prendre en compte les phénomènes de fonds de pension, d’épargnes actionnariales qui viennent brouiller les cartes, et enrôler les travailleurs dans la participation à leur propre exploitation contre leurs intérêts objectifs. Plus largement il faut analyser tous les outils que le capital met en œuvre pour obtenir cette participation.

Comment analysons-nous les évolutions de la société? De la conscience de classe? Pour moi, il me paraît clair que l'essentiel des luttes, aussi fragmentées soient-elles se passent en dehors de nous. Loin d'être à la pointe, nous sommes souvent à la remorque, et vécus au mieux comme inutiles. Nous avons largement sous-estimé (peut-être en raison de notre conception de la classe ouvrière, de son rôle comme classe révolutionnaire, d’un déficit d’analyse des transformations sociales qui se sont produites, particulièrement après la deuxième guerre mondiale) nombres de mouvements émancipateurs qui se sont développés, quand nous ne les avons pas carrément freiné : mouvements féministes en particulier, mais aussi luttes des immigrés, des chômeurs, mouvements altermondialistes…Et le fait que ces mouvements soient nés et se soient développés en dehors de nous y est sans doute pour beaucoup. Et quand nous avons réalisé l’importance de ces mouvements, nous avons été incapables de définir un rôle spécifique du parti dans ces luttes. Il me semble que nous oscillons sans arrêt entre le rejet pur et simple, la participation en donneurs de leçons, ou l’abdication de ce que nous pourrions y contribuer spécifiquement.

Ce qui pose la question du rassemblement et de notre stratégie. Si l’on vise à un mouvement émancipateur qui remette radicalement en cause les rapports de dominations sociales et économiques du capitaliste, mouvement qui doit se développer démocratiquement et devenir majoritaire, si on renonce à la vision du grand soir et de la prise de pouvoir insurrectionnelle, alors cette question du rassemblement majoritaire est incontournable. Reconnaître dans les luttes qui se mènent aussi parcellaires soient-elles, leur portée émancipatrice, et donc comme participant du mouvement même du communisme en train d’accoucher, même sans se penser comme-t-elles, nous impose de réfléchir sur notre rapport difficile à ces luttes. Ceci pose la question effectivement de notre ouverture aux autres, à d’autres cultures politiques. Nous pouvons et devrions analyser deux expériences récentes : le succès du rassemblement pour le non et l’échec des collectifs unitaires. Ouverture à d’autres cultures, cela ne veut pas dire abolir notre spécificité. Quel serait le rôle spécifique de notre parti dans ce rassemblement ? Pour reprendre là aussi une contribution de Janine Guespin, dans laquelle je me retrouve :

« Il est indispensable de parvenir à articuler ces luttes émancipatrices et la bataille politique globalisante. Articuler, cela ne signifie pas ‘ajouter’ ces deux types de luttes, car elles sont à la fois indispensables et très différentes. Ni que les unes doivent absorber, surplomber ou diriger les autres. Cela signifie fertiliser la bataille politique avec les idées et les expériences issues des luttes émancipatrices et renforcer les luttes émancipatrices à la fois par les succès politiques et par l’enrichissement théorique du patrimoine communiste ainsi renouvelé. Cela signifie tenir compte de ces initiatives émancipatrices, même si elles sont le fait de personnes qui rejettent a priori toute idée de communisme. C’est une nouvelle culture, qui exige une nouvelle pratique, et qui peut devenir, progressivement, celle d’une organisation communiste réellement tournée vers le communisme. »

Je souhaite également aborder le problème de la constante référence à la "gauche" ou « au peuple de gauche », présente dans la base commune. Selon moi, le parti à reconstruire n’est pas comme le dit Martelli « une nouvelle force à gauche », une force à gauche de la gauche, où l’objectif est de se positionner (en termes électoralistes ?) dans l’éventail de l’offre politique nationale. Le parti ne doit pas se positionner en termes d’offres politiques, les places gagnées sur le marché politique déterminant ensuite la stratégie des alliances, mais bien par rapport à la visée communiste et dans une relation renouvelée au peuple, au monde du travail, à la classe des dominés (qui va bien au-delà de la classe ouvrière). Il peut certes y avoir référence à la gauche au niveau des valeurs (des valeurs de gauche). Mais construire le rassemblement majoritaire, c'est élargir ces valeurs à l'ensemble des forces productives, le monde du travail, du salariat.

Ainsi la notion ‘Le peuple de "gauche" me paraît trop vague et peu pertinente pour penser une base sociale et politique de transformation radicale.

Il faut mener le combat idéologique pour concrétiser cette base sociale en force effective d'émancipation. Mais en prenant en compte et en respectant la recherche de ce qui s'y passe ou s'est passé.

Pour conclure, je voudrais citer à nouveau Patrick Tort en conclusion, qui écrivait en 1985 : « Le marxisme doit être profané. Cela signifie qu’il doit sortir du temple. Qu’il doit être montré aux yeux du peuple comme un grand texte qui le concerne et qui a même cherché à formuler la vérité de sa mission historique. Un grand texte qui enferme une grande logique où sa force et sa pensée s’organisent en projet et en action. »

Ce passage m’a fait penser à une autre tradition, très éloignée de la nôtre, mais qui m’a suggéré une idée.

Il existe dans le protestantisme, en tout cas dans le protestantisme historique réformée, à défaut du protestantisme évangélique anglo saxon que nous pouvons avoir en tête, une tradition de lecture de la bible, lecture s’alimentant des approches historico-critiques développées depuis la fin du 19ème siècle. Cette tradition est mise en œuvre à travers des groupes d’animation biblique, où, aidées par des personnes compétentes, les personnes intéressées (pas nécessairement croyantes du reste) lisent les textes, s’interrogent sur leur signification au moment où ils ont été produits, et sur leurs portées éventuelles pour eux aujourd’hui.

Je pense que la même démarche pourrait s’appliquer au corpus théorique du marxisme. Nous regrettons souvent un déficit d’analyses, d’élaborations théoriques ; en fait, il se passe beaucoup de choses dans et autour du parti, à Espace-Marx, à la fondation Gabriel Péri, ou ailleurs. Or, j’ai l’impression que tous ces travaux, pourtant souvent très intéressants, ne se reflètent pas dans les textes politiques que nous produisons, ne parviennent pas à être des guides pour l’action politique. Or c’est peut-être là qu’une organisation comme la nôtre aurait le plus à amener, par sa référence marxiste, Marx insistant justement sur cet aller-retour entre théorie et pratique.

C’est bien dans un tel souci que notre section a organisé plusieurs conférences. Mais ces conférences, si elles sont utiles, ne permettent pas vraiment aux militants de s’approprier les questions abordés y compris en pouvant contribuer par leur réflexion commune et critique à l’enrichissement de la réflexion. Je me demande s’il ne serait pas possible de s’inspirer du modèle des groupes d’animation biblique pour créer des groupes d’animation marxiste, où nous relirions Marx ensemble, collectivement, aidés par des personnes compétentes pour éviter les contresens historiques, afin de nous l’approprier pleinement pour nous, aujourd’hui, dans nos pratiques politiques.

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Le Parti communiste et la science. Pour une politique démocratique de la recherche (contribution Pascal L.)

Le texte ci-dessous vise à susciter, lors du 34ème Congrès du PCF, l’élaboration d’un texte fondamental du PCF sur la Science. Il est inspiré pour partie par des travaux de la Commission recherche-enseignement supérieur, et, pour partie, par des documents élaborés par le PCF lors de la discussion du programme des comités anti-libéraux. Les idées de ce texte devraient être reprises dans un document plus élaboré du Congrès.

La politique de la recherche et de l’enseignement supérieur est, à l’heure de la crise du capitalisme, un terrain d'affrontements entre forces sociales. Plus précisément entre les multinationales et le reste de la société. La tendance dominante actuelle, qui fait peser sur les thèmes scientifiques, les répartitions budgétaires, les formes d'emploi, les structures de financement,etc., les orientations favorables au exigences du MEDEF même si elle semble en ce moment avoir le champ libre, ne peut pas tout: elle se heurte à l’aspiration de la société à la culture, à la compréhension du monde, à la résolution des problèmes qui se posent dans tout les domaines de la vie sociale. Cette politique peut-elle être combattue, voire inversée? Pouvons nous contribuer à définir les grands traits de ce que serait une politique scientifique démocratique? Un tel objectif serait sans doute catalyseur de luttes utiles, et contribuerait à définir un projet communiste cohérent.

L'orientation formulée il y a déja quelques années par Francis Mer, lors du gouvernement Raffarin II, était « d'adapter l'appareil public de recherche aux besoins des entreprises ». Cet objectif est mis en oeuvre avec brutalité par le gouvernement Sarkozy. En effet, conscientes de l'importance décisive de l'innovation dans la guerre économique qu’elles se livrent pour la conquête des marchés, recherchant dans la spéculation financière le moyen de gonfler au maximum le taux de profit, les grandes entreprises ne veulent pas faire d'effort financier supplémentaire de recherche, trop coûteux. Elles souhaitent piloter l'appareil public de recherche, le contraindre à développer les créneaux les plus utiles pour elles dans la guerre économique, en économisant sur leur propre effort de recherche

Il est à souligner que l’accélération continuelle des connaissances, et la course à l’innovation dans la guerre économique entre groupes industriels est au coeur de la crise du capitalisme. L’introduction continuelle de nouveaux moyens de productions et de nouvelles productions entraîne une augmentation continuelle du capital fixe à l’échelle de la planète, une élimination du travail humain, et donc, une baisse tendancielle du taux de profit moyen. La révolution numérique, et l’accroissement correspondant du contenu intellectuel du travail ont accéléré ce processus.

La politique actuelle du tandem Sarkozy/Pécresse se caractérise par:
  • un accroissement des moyens budgétaires octroyés sans contrôle aux industriels sous forme de crédits d’impôt (un milliard d’euros en 2008). Au cours des dix dernières années, en revanche, Alcatel, Péchiney, Arcelor-Mittal, France Telecom, et d’autres, ont liquidé leurs laboratoires de recherche en France.
  • Une stagnation des moyens publics alloués à la recherche publique.
  • Une dégradation confirmée des rémunérations et des carrières de toutes les catégories de personnels scientifiques
  • Un pilotage de plus en plus étroit, par le biais de l’ANR notamment, (mais aussi par des opérations comme l’O.I.N. de Saclay) de la recherche publique par l’application. La part des “contrats blancs” de l’ANR a été révisée à la hausse sous la pression des chercheurs. Le mode de financement contractuel des recherches entraîne une bureaucratisation accélérée et des gâchis humains. Les budgets récurrents des équipes sont insuffisants pour permettre une créativité scientifique originale.
  • Une suppression de postes stables dans la recherche et l’enseignement supérieur, (900 en 2009) et une précarisation des jeunes chercheurs, déja précaires pendant la thèse, et dont la période de précarité s’allonge d’années en année, notamment au moyen des contrats ANR, européens etc.
  • La mise hors circuit des structures démocratiques des grands organismes. Au CNRS, l’évaluation des équipes est retirée aux organes à majorité élus par les scientifiques, seule l’évaluation des personnes étant maintenue pour l’instant. La voie est ouverte à la suppression, par des comités d’experts nommés, de centaines d’équipes jugées peu rentables.
  • La généralisation de structures autocratiques telles que Réseaux Thématiques
  • La création de pôles d’excellence regroupant des moyens importants prélevés sur une enveloppe globale en stagnation, entraînant la désertification scientifique et universitaire de territoires éloignés des pôles
  • Un effort de communication, relayé par les média, pour convaincre l’opinion publique que recherche et enseignement supérieur sont “des priorités de l’action gouvernementale”, à rebours de la réalité.
La position du pcf sur les grands organismes publics de recherche appliquée (CEA, ORSTOM, IFREMER, ONERA, etc.,) devra être formulée lors du Congrès, avec l’aide des militants de ces secteurs.

Les propositions du parti communiste

Il est constant dans l’histoire humaine que les grandes avancées de la connaissance ont non seulement modifié profondément notre vision du monde, mais déclenché des modifications profondes du mode de production. Que l’on songe à Galilée, Newton, Pasteur, Einstein, Von Neumann, à la mécanique quantique, au code génétique, à la théorie du chaos, etc.. La science est non seulement au cœur de la culture, au même titre que les arts, elle est au cœur des transformations sociales. La révolution informationnelle, qui accélère tous les processus liés à l’élaboration des connaissances est un aspect particulier de la révolution scientifique,

Le PCF considère que la recherche et l’enseignement supérieur peuvent jouer un rôle très important pour le progrès culturel, économique et social, et pour la création de conditions permettant l’épanouissement de chaque personnalité. Trois conditions pour donner au développement scientifique sont plein sens de progrès culturel, économique et social : le soustraire à la pression des multinationales, lui donner les moyens de remplir sa mission, et développer la démocratie dans la gestion des personnels, l’évaluation des équipes, et la définition des thèmes de recherche.

** Un élément central d’une politique démocratique de la recherche et de l’Université est la définition d’un secteur public de recherche fondamentale dégagé de toute obligation d’application, mais voué au développement d’un front continu des connaissances. On peut chiffrer à 1% du PIB le financement souhaitable d’un tel secteur, en contraste avec la part de 0,6% attribué en 2008 à la recherche publique avec un impératif d’applications rapides. La liberté thématique de la recherche fondamentale s’exercera en tenant compte des avis de structures élues représentatives des travailleurs scientifiques et de comités consultatifs de citoyens, contribuant à l’allocation des moyens budgétaires par le Parlement.

** Pour autant, la collaboration féconde de ce secteur public avec le secteur industriel, public ou privé, sera encouragée, sur la base de l’avantage mutuel, tant il est clair que les problèmes posés par l’application soulèvent à leur tour des questions fondamentales. Par ailleurs, la société attend à juste titre du progrès scientifique et technique la solution de problèmes qui se posent dans toutes les sphères de la vie sociale. Il sera mis fin à la subordination actuelle de la recherche publique aux besoins industriels.

** Le financement de la recherche publique sera assuré à 70 % au moins par les budgets récurrents des laboratoires, permettant le financement des initiatives scientifiques surgissant du mouvement des connaissances. Une structure du genre ANR peut être utile, pour le développement de recherches nouvelles surgissant du mouvement des connaissances, à condition qu’elle ne représente pas plus de 15% des budgets des laboratoires.

** Les procédures d’attribution de crédits publics seront allégées, avec un contrôle a posteriori de leur utilisation par des instances à majorité élue.

** Un paragraphe concernant les grands organismes de recherche appliquée (CEA, ONERA, IFREMER, ORSTOM, etc.,) devra être élaboré en collaboration avec des travailleurs scientifiques de ces organismes.

** Le financement de la recherche de développement sera assuré pour l’essentiel par les entreprises, et devrait être porté à hauteur de 2% du PIB. Des secteurs publics industriels, à gestion démocratique, libérés de la recherche du taux de profit maximum, devront développer des laboratoires de recherche/développement avec des personnels salariés disposant de nouveaux droits dans la définition des axes de recherche. La collaboration des laboratoires industriels avec les chercheurs du secteur public sera encouragée, sur la base du volontariat et de l’intérêt mutuel

** Un effort considérable de recherche, tant fondamentale qu’industrielle sera nécessaire pour prendre en compte les impératifs d’un développement durable, la préservation de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation des ressources en eau de la planète, etc.,

** L’enseignement supérieur aura pour mission de dispenser une formation de masse et de qualité, en liaison étroite avec la recherche. Des créations de postes statutaires en nombres suffisants permettront de réduire le service d’enseignement pour tous à 124 heures annuelles équivalent TD, et de dégager pour tous le temps nécessaire pour la recherche. Un objectif important en ce qui concerne la formation moderne des ingénieurs sera l’intégration, la plus rapide possible, des Grandes Ecoles aux Universités, ainsi que celle des classes préparatoires, dont l’enseignement devra être lié à la recherche.

** Tous les métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur bénéficieront de statuts assurant la stabilité d’emploi, éliminant le caractère stérilisant de la précarité que favorise le pouvoir actuel, et comportant en même temps une forte incitation à la mobilité. Les carrières seront fortement améliorées et les salaires revalorisés afin de redonner leur attractivité aux métiers correspondants, et donc l’afflux de jeunes diplômés vers les carrières de la recherche et de l’enseignement supérieur.

** Le service public d’enseignement supérieur et de recherche doit être soustrait à tout enjeu de marchandisation et notamment doit être extrait du champ des négociations de l’OMC; il doit être extrait du champ d’application d’éventuelles directives sur les services.

** La politique de recherche européenne encouragera les coopérations entre équipes européennes, entre l’Europe et les autres parties du monde, avec une forte composante d’aide au développement scientifique des pays du sud, avec formation de cadres scientifiques encouragés à travailler au pays. Cette politique s’appuiera sur un conseil européen de la science comportant au minimum 2/3 d’élus des travailleurs scientifiques européens, soit par élection directe, soit par contingents nationaux élus. Le conseil européen de la science sera notamment chargé de proposer les thèmes scientifiques prioritaires au parlement et à la commission. En vue d’arriver à un statut européen du travailleur scientifique permettant à la fois sécurité et mobilité volontaire, avec équivalence des acquis sociaux dans tous les pays de l’Union, une politique européenne de lutte contre la précarité scientifique en Europe sera proposée par la France. La création d’emplois scientifiques pérennes dans tous les pays de l’Union sera proposée et encouragée.

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